Chroniques Express 116

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Filip Chrétien / L’Impératrice  / Butterfly In The Snowfall / Benjamin Clementine / Gut und Irmler / Morning Parade / Yelle / Dorian Concept / Animaux Surround

filipchretienFilip Chrétien – Dia a dia

Peu d’albums de chanson française auront marqué cette année 2014. Un Miossec, une Camélia Jordana, quelques jolies découvertes sur les bonnes compilations de »La Souterraine » et pas grand chose d’autre. Et puis il y a eu cet album signé Filip Chrétien. Dans un style french pop très familier, le breton marche sur les traces de Daniel Darc, Jean Bart, Daho et Miossec avec un disque tout en nuances et plein de charme, rempli de mélancolie et de douces musiques pop-rock, le tout dans une production assez classique mais très belle. Une jolie découverte en somme.,  (3.0) Benoît Richard

SonatePacifiqueL’Impératrice – Sonate pacifique EP

Le label Cracki Records à  qui l’on doit Isaac Delusion (en guest vocal sur le titre »Sonate Pacifique ») propose, dans un registre assez similaire, un second Ep de L’Impératrice qui fait suite à  un premier ep assez différent paru en 2012.
Dans un registre disco-pop, le français nous propose 5 titres très agréables, quelque part entre le son space-disco 70.’s de Didier Marouani et les productions plus actuelles de Sébastien Tellier période »Sexuality » ou encore celles de Château Marmont. Bref, une musique super décontractée, gentiment vintage, facile à  écouter et qu’on l’on espère retrouver en long format très prochainement. (4.0) Benoît Richard

Butterfly In The SnowfallButterfly In The Snowfall – Butterfly In The Snowfall

La carrière de Sylvain Chauveau a toujours été émaillée de nombreuses collaborations. Cette fois il s’associe avec le trio Astrîd pour un projet nommé Butterfly in the Snowfall et un album ô combien magnifique. Composé de 5 titres, dont 3 de plus de dix minutes, »Butterfly In The Snowfall » nous entraine dès les premières notes dans une ambiance de musique de western façon »l’assassinant de Jesse James » » (Warren Ellis/Nick Cave). Une musique assez minimaliste et plutôt sombre, mais absolument saisissante et captivante, portée par le violon de Vanina Andréani, la guitare de Cyril Secq, la clarinette de Guillaume Wickel et bien sûr la voix de Sylvain Chauveau. Un album aux résonances hivernales, superbement arrangé autour d’un tas d’instruments très variés (harmonium, piano Rhodes, métallophone, Kalimba ») et qui constituera un des moments forts de cette année 2014. (5.0] Benoît Richard

Benjamin-Clementine-Glorious-YouBenjamin Clementine – Glorious You EP

Grand espoir de la soul anglaise, remarqué avec le déjà  excellent EP Cornerstone, Benjamin Clementine vient de sortir son second maxi Glorious You. En seulement 4 titres, Benjamin Clementine impressionne. Avec sa voix d’abord qui rappelle presque Nina Simone pour son intensité, son flow avec en plus la puissance des grandes voix soul. Porté par un piano hypnotique, Condolence ouvre cet EP de manière magistrale alternant rythme saccadé et envolées vocales qui font aussi penser à  Jeff Buckley quand il reprenait les chansons de Piaf. Plus légers, Adios et Edmonton confirment tous les espoirs placés en lui qui a déjà  tourné avec Woodkid. Mathematics conclut magistralement l’ensemble constitué par cet artiste qui puise autant dans les classiques de la soul que dans l’expressionisme avant-gardiste. Son jeu au piano peut même parfois évoquer Erik Satie. Comme avec Woodkid, à  la sortie de son premier album, Benjamin Clementine est assuré d’obtenir des vivas dithyrambiques de la part de la critique branchée. Sauf qu’à  ce rythme et avec ce talent, il risque surtout de proposer rien de moins que le What.’s Goin on du XXIe siècle. (5.0) Julien Damien
Behind Records – 25 août 2014


Gut und Irmler Gut und Irmler – 500m

Issu de la collaboration entre Hans Joachim Irmler (Faust) et Gudrun Gut, ce premier disque du duo, qui collabore pourtant depuis près de 10 ans, 500m propose une plongée électronique et cosmique dans les méandres mêlés du krautrock, de la techno et du rock expérimental. l’ensemble créé par deux artistes allemands respectés est du coup assez pointu, voire carrément abscons pour des oreilles béotiennes. Déroutants, parfois même assez discordants, les morceaux de cette première collaboration officielle demeurent aussi assez inégaux. 500m atteint ses sommets avec les planants et hypnotiques Mandarine, Chlor et Noah ainsi que le plus énervé Auf und Ab. De quoi laisser de marbre ceux pour qui Gut et Irmler sont d’illustres inconnus mais cela devrait suffire à  convaincre les amateurs d’expérimentations bizarres aux frontières du rock et des musiques électroniques. (3.0) Julien Damien
Bureau B – 6 septembre 2014

Morning-ParadeMorning Parade – Pure Adulterated Joy

Deux ans après un premier album éponyme, les Anglais de Morning Parade reviennent avec Pure Adulterated Joy. Toujours mené par leur chanteur/songwriter Steve Sparrow, Morning Parade propose un rock énergique, parfois à  la limite de l’émo, calibré pour les stades et radios. Les talents d’écriture et la sincérité évidente de Steve Sparrow leur évite le naufrage artistique à  l’image des morceaux Shake the Cage, Love thy Neighbour ou Car Alarms & Sleepless Nights. On sent bien que Morning Parade, pourtant produit par Ben Allen d’Animal Collective se rêve en sensation indé dans la veine de Bombay Bicycle Club, Two Door Cinema Club ou the Editors. Mais ils n’arrivent péniblement qu’à  se hisser au niveau des oubliés du post-grunge Bush. Malgré des titres plutôt sympas individuellement, l’écoute complète de Pure Adulterated Joy se révèle assez pénible. Dommage. (2.5) Julien Damien
Caroline/So Recordings – 4 mars 2014

YelleYelle – Complètement fou

On la compare souvent à  la Lio des débuts, à  une Elli Medeiros sans Jacno voire à  une version féminine d’Alain Chamfort. Mais avec son troisième album Complètement fou, Yelle confirme surtout son statut de plus grande imposture de la pop française. Même bien entourée (Grand Marnier, Dr Luke, Cirkut entre autres) ses mélodies restent toujours aussi inconsistantes et horripilantes à  défaut d’être entêtantes. On retrouve en fait dans Complètement fou les défauts exacerbés déjà  observés sur Pop-up et Safari Disco Club. Un album très dispensable malgré quelques titres tout juste supportables. (1.0) Julien Damien
Because Music – 29 septembre 2014

Dorian ConceptDorian Concept – Joined Ends

Deuxième album de Dorian Concept, paru chez l’excellent label électro Ninja Tune, Joined Ends ne marquera clairement pas l’histoire des musiques électroniques. Trop abstrait et vain, cette première tentative de l’Autrichien Oliver Thomas dans un gros label ne confirme pas l’intérêt glané auparavant grâce à  un premier album, When Planets Explode, et plusieurs EP sortis depuis 2005 (sur internet et sur support physique). Trop synthétique et complexe pour permettre de vraiment rentrer dedans. (1.0) Julien Damien
Ninja Tune – 21 octobre 2014

animalAnimaux Surround – Château†‹-†‹Fantôme

On avait repéré Animaux Surround, projet du photographe et musicien Isidore Hibou, en 2011 avec »Booking Rooms EP » sur lequel on découvrait une musique electro pop nocturne aux influences new wave 80.’s qui rappelait par moment les disques des glorieux Poni Hoax. Trois an après, avec entre temps un album paru en 2012, le projet refait surface avec des chansons tout aussi originales et réussies que par le passé, et avec encore une fois, en guise de fil rouge, cette mélancolie très palpable qui irradie tout l’album. Et si le garçon a quelque peu mis les machines en retrait, c’est pour mieux laisse la place au piano comme en témoigne le titre superbe »Sunday, After All ».  Et on se dit, au final, qu’avec une production à  la hauteur de son talent, ce garçon pourrait aller encore plus loin. (3.5) Benoît Richard