Nous sommes en 2060. Clara Bruti, qui fut mariée à un Président de la République, a besoin de se †œrefaire† et recrute un nègre pour écrire ses mémoires. Ou les inventer, car Clara, de mémoire, n’en a plus beaucoup. Ce qui donne lieu à des dialogues aimablement surréalistes :
†œ Tu sais pourquoi je t’appelle, Clara ?
- Parce que c’est mon prénom.†
Le 21ème siècle vu par Besson ne manque pas de sel, même s’il a suscité quelques grincements de dents : les banques y sont islamiques et l’Elysée a été racheté par le Qatar pour y faire un musée du football.
Tant qu’à se faire plaisir, autant convoquer ses amis. C’est ainsi qu’on voit passer Eric Neuhoff, Marc-Edouard Nabe… et Patrick Besson lui-même, en †œcopain communiste et ivrogne†. Frédéric Berthet, jeune écrivain mort avant de tenir complètement ses promesses, revient souvent donner une touche de gravité à cette histoire goguenarde.
Au jeu de massacre, Besson a affûté ses armes : Ségolène est gâteuse, Edwy Plenel assassiné…
Mais c’est à BHL (Solal) et à sa †œgalaxie† qu’il réserve ses pages les plus caustiques. Solal converse avec Dieu. Les Lovamour (qui ressemblent comme des frères à Enthoven père et fils) s’écharpent pour entrer à l’Académie Française, pour laquelle on peut se porter candidat jusqu’à 120 ans.
L’écrivain fait preuve de sa verve habituelle et joue avec les aphorismes : †œQuand on meurt maigre on meurt moins, puisqu’il y a moins de nous qui meurt.† Ou encore : †œLa seule façon qu’a un milliardaire de croire en l’amitié, c’est d’avoir des amis millairdaires.†
Toutefois on finit par se lasser de ce règlement de comptes à Saint-Germain-des-Prés. On attend un Besson de meilleure cuvée.
Brigitte Tissot
La mémoire de Clara
Roman de Patrick Besson
Editions du Rocher
213 pages – 16,90 euros
Parution : août 2014