Ne pas prendre le gars Robert Plant pour un vétéran pépère. L’ex-voix de Led Zeppelin nous est revenu avec un dixième album solo en forme de voyage musical au long cours. Embarquez pour sa virée fusion ethno blues rock inspirée.
Décembre et la fin d’année qui approche ont parfois du bon, malgré tout. Ainsi, pressés par le temps qui passe et les classements musicaux qui se profilent, nous permettre de revenir sur un disque dont madame Procrastination nous avait fait remettre sans fin la chronique depuis la rentrée.
Pourtant, dans la longue liste des albums parus cette année proposés par de vieilles légendes (Leonard Cohen, Bryan Ferry, Neil Young), bien que peu couvert par les gazettes, celui du bon Robert Plant, se révèle de loin le plus intéressant. Mais rien d’étonnant après tout, l’ex-voix historique du Led Zeppelin ayant toujours tracé avec un bel esprit d’indépendance sa route artistique depuis la mise en veilleuse de son super groupe il y a trente ans.
Soucieux de tracer son propre traçant son chemin, rétif à la moindre idée de chapelle ou cloisonnement musical, le vieux rêve de fusion de l’anglais à la voix de fauve prend de fait des airs accomplissement sur Lullaby And…The Ceaseless Roar. Conçu avec The Sensational Space Shifters, groupe d’instrumentistes virtuoses, ce dixième album solo à la fière allure célèbre avec inspiration toutes les musiques qui nourrissent depuis ses premiers jours l’interprète de Whole Lotta Love ou Kashmir.
Irrigué par le rock, la country, le folk celtique, le blues africain, cet album aux airs de pierre précieuse aux reflets chatoyants fait battre en son sein des musiques d’origines éloignées, mélange avec évidence Orient et Occident, grands déserts africains (Little Maggie), vallées irlandaises (Poor Howard) ou bayous du Mississipi (Turn It Up). L’aboutissement logique de la démarche de passionné du gentleman Plant, dont les retrouvailles temporaires avec Jimmy Page (sur No Quarter, 1994) ou son déjà mémorable Mighty ReArranger de 2005 avaient déjà défini la recherche musicale sans frontières. Conviant à la noce autant les figures d’Ali Farka Touré, Leadbelly ou John Hiatt, le voyage proposé par Lullaby And… The Ceaseless Roar en renferme mille, alchimie d’ingrédients apparemment antagonistes mais réussie haut la main.
Autant griot malien fascinant (Pocketful Of Golden), barde celtique post-moderne (Embrace Another Fall) ou crooner nocturne intimiste (A Stolen Kiss), Mr Robert déploie tout le large éventail de ses différentes incarnations possibles, de son large spectre musical attentif aux multiples rythmes et poésies du monde. Un mix fusionnel épanoui dépassant de loin l’étiquette réductrice de world music, à l’énergie jamais prise en défaut et étonnante cohésion musicale. Un futur classique ?
Voyage au long cours intemporel mais bénéficiant d’une production inventive et moderne, où les riffs des guitares électriques se mêlent avec un naturel confondant avec les percussions ancestrales du djembé ou du bendir (bluffant Justin Adams), on ne saurait trop vous recommander de monter à bord de la caravane Robert Plant.
Bien que trop peu saluée, cette équipée ethno rock de haut vol offerte par le valeureux capitaine Plant, à la voix toujours aussi impériale et séductrice, constitue de fait un des périples les plus achevés que l’année qui s’achève pourra vous offrir. À bon entendeur…
Franck ROUSSELOT
Robert Plant – Lullaby And… The Ceaseless Roar
Label : Nonesuch Records / Warner
Sortie : 8 septembre 2014