Le tome 1 (BD de l’année en 2012 sur hop blog) se terminait au moment où René Tardi, prisonnier des allemands tout comme des centaines d’hommes, quitte le Stalag IIB, sordide camp de rétention en Pologne, dans lequel il venait de passer près de cinq années.
Nous sommes début 1945, c’est le début de la débâcle pour les allemands qui sentent la fin approcher et se montrent de plus en plus nerveux et surtout de plus en plus cruels avec des prisonniers, pour la plupart à bout de force et malades, qu’ils conduisent sur les routes d’Allemagne sans trop avoir où ils en sont.
Ce tome 2 est une nouvelle fois l’occasion pour Jacques Tardi de raconter la guerre à sa manière, de manière très réaliste, dans une BD qui s’appuie, rappelons-le, sur les carnets de son père mais aussi de poursuivre sa conversation avec ce père, d’entretenir un dialogue à fois émouvant et instructif sur le pourquoi et le comment de cette guerre, de questionner ce père soldat sur un tas de choses et de donner de nombreuses informations, sur la situation de l’époque, le tout entrecoupé de considérations et de ressentis bruts de décoffrage, dignes par moment du meilleur Céline.
Si le rythme est lent, et les pages d’une grande densité, pour autant, on ne perd pas une miette de ce récit souvent instructif, de cette marche contre la mort dont on sait que l’issue est à la fois proche et encore lointaine.
Dans la lignée de ses grands ouvrages sur la guerre en bande dessinée (C.’était la guerre des tranchées, Putain de guerre« ), Moi René Tardi » est sans aucun doute le plus personnel qu’ait pu écrire à ce jour le père d’Adèle Blanc-Sec. Car en plus de s’être appuyé sur les écrits de son père, Tardi s’est rendu sur place, en Pologne et en Allemagne, pour mieux comprendre, pour refaire le parcours de son père mais aussi pour donner un cadre précis et corriger certaines inexactitudes dus aux souvenirs parfois imprécis de son paternel.
Si l’aspect formel est irréprochable comme toujours chez Tardi, que dire du texte, extrêmement brillant lui-aussi, terriblement réaliste, pour ne pas dire naturaliste, mais aussi d’une grande sobriété, sans glorification, sans héroîsme. La grande classe.
Moi, René Tardi, prisonnier de guerre au Stalag II B – tome 2
Scénario et dessin : Tardi
Editeur : Casterman
192 pages – 25€¬
Parution : novembre 2012