Quand une partition est connue, c’est l’interprétation du chef d’orchestre qui fait la différence. À ce récit de rupture et de chute, du rêve américain qui vacille, Saar Klein réserve un traitement pulsatif.
Il s’agit aussi de morale, de mensonges et de réalité, de choix. Si la trame est simple, la narration réussit à la complexifier en procédant par ajouts successifs, comme des couches de matière déposées par un peintre. On pourra regretter quelques facilités, mais ce serait oublier que le scénario avance en permanence sur le fil du cliché, l’histoire entrant constamment en résonance avec les obligations du rêve américain, dont la piscine omniprésente est le symbole (ou l’espion).
Au coeur de cette installation étouffante, Wes Bentley incarne avec autant de profondeur que d’animalité le type qui déraille un peu, puis un peu plus, mais ne perdant jamais de vue son objectif. De quasiment tous les plans, il habite le film et le porte, pendant charnel d’une réalisation sophistiquée qui assume son maniérisme. L’image et le son (et la musique de Marc Streitenfeld), se conjuguent pour envelopper l’ensemble d’une ambiance souvent atonale, intemporelle, comme s’il s’agissait d’un rêve.
Si Things people do n’enfreint jamais les codes du cinéma américain indépendant, il réussit à en éviter les tics et les clichés, grâce notamment à une économie de dialogues et de scènes édifiantes. L’émotion vient alors se nicher dans un regard, un raccord, ou dans les pleurs que Vinessa Shaw ne peut retenir en se lavant les dents.
Pierre Guiho
Things People do
Film américain réalisé par Saar Klein
Genre : Thriller , Drame
Avec Wes Bentley, Jason Isaacs, Vinessa Shaw…
Durée : 1h50
Date de sortie : 18 février 2015