Comment racontera-t-on la shoah quand il n’y aura plus de survivant ? C’est la question que se pose Joseph Morder avant de s’inspirer des mémoires de déportation de sa mère pour réaliser La Duchesse de Varsovie.
Travail de mémoire, absolue nécessité de la transmission, telles sont les deux thématiques abordées dans ce film à la forme audacieuse. Il faut en effet de l’audace pour décider de recréer un Paris fantasmé, celui des grandes comédies musicales des années 50, peint pour l’occasion sur d’immenses toiles servant de décor à un récit à huis-clos, théâtral et intime. On retrouve là ce qui fit la singularité du magnifique dernier film d’Alain Resnais. Moins enlevé, moins ludique et moins habile, le film de Joseph Morder n’en demeure pas moins touchant et plein de charme.
Si l’on peine un peu à entrer dans l’univers recréé pour nous, si les dialogues très écrits, la diction née de la scène plutôt que tu plateau, nous rebutent un peu, on est vite gagné par la désuétude d’un film qui joue toujours la carte de la tendresse et de la légèreté pour aborder les drames du ghetto et de la déportation.
Archétypes dramatiques à belle valeur symbolique, la grand-mère polonaise et son petit-fils peintre en pleins questionnements, illustrent joliment la force du lien inter-générationnel, l’importance de l’échange, du partage, du récit. Se raconter c’est aussi partager. Raconter une épreuve inracontable c’est la partager avec tous.
Complices et délicieux, Alexandra Stewart et Andy Gillet servent avec conviction un film d’artisan, humble et sincère.
Pierre Guiho
La Duchesse de Varsovie
Film français réalisé par Joseph Morder
Avec Alexandra Stewart, Andy Gillet, Rosette…
Genre : Comédie dramatique
Durée : 1h26min
Date de sortie : 25 février 2015