N.’y allons pas par quatre chemins, un nouvel album d’Olivier Depardon est une sacrée bonne nouvelle »et moi »perso »moi-moi-moi »je ne passe pas à côté.
Alors forcément le garçon, dans la petite sphère scénique frenchie, est connu et reconnu, au moins autant que le (c)loup blanc – comprenne qui veut… à ce jour ma plus grande vanne benzinienne – mais pour toi, qui ne passes pas forcément ta vie à arpenter les chroniques des journaux et blogs qui font la hype, je vais faire un petit topo : Depardon était, il y a quinze ans, un des trois piliers de VIRAGO, ce temple du rock français »à mes yeux cent fois plus aventureux, expérimental, tordu, brillant qu’à peu près tout ce qui se faisait à l’époque. Il y a des types qui s’acharnent, se souillent à essayer de vendre du disque et d’autres qui créent une expression neuve et merveilleuse. Je dis, et ça n’engagent que moi, qu’Olivier Depardon est de la seconde trempe.
Alors bien sûr, il ne s’agit pas de ressasser le passé, de glander sur des acquis figés dans le marbre d’une mémoire corrodée par la rouille de l’insouciance et de l’über-émotivité des jeunes années. Il s’agit d’avancer. Depardon pourrait être un homme du siècle dernier, une étoile fugace à jamais disparue dont la photo jaunie est restée punaisée sur une branche du trombino d’un panthéon nostalgique »un peu comme une boule de Noël brisée sur un sapin déplumé à la déchetterie. Est-ce que tu sens la puissance du champ lexical religieux sous ma petite plume athée ? Je marque ma dévotion au bonhomme.
Et bah non ! Depardon trace sa route. Après dix ans à bosser pour les autres en tant qu’ingénieur du son et à collaborer à divers projets… IL revient !
Deuxième album en deux ans, Les Saisons Du Silence est un vrai délice poétique et musical. Les textes sont taillés dans un français éclatant qui marie les jeux du son, du sens et des mots avec une facilité déconcertante. La voix surfe, déclame, mi-talkover, mi-chant, les guitares tranchent et tournoient en symbiose avec le phrasé, saccadées, la caisse claire claque comme la revendication d’une identité sonore, les cordes et les cuivres viennent gonfler l’ensemble. Je ne vais pas entrer dans le détail des morceaux, habile panache de calme et de tempête, je te dis juste que Les Saisons Du Silence se termine(nt) en apothéose paradoxale avec le magnifique et hyper-puissant Tout Arrive !
Volontairement enregistrés et mixés en douze courts jours sur les hauteurs lyonnaises, ces dix titres t.’explosent à la face de toute leur urgence.
Et tant que j’y suis : Vicious Circle, pitié, ressors l’intégrale de VIRAGO !
Stéphane Monnot