Aureate Gloom, treizième effort d’Of Montreal, est un retour au rock exubérant auquel nous avait habitué le groupe, un voyage sonore déstructuré où se côtoient des styles musicaux aussi divers que le métal progressif, le rock psychédélique ou encore le disco. Rien de nouveau donc sous le soleil d’Athens mais une nouvelle démonstration d’un savoir-faire évident.
Traduit littéralement en » Ténèbres rayonnantes, » le titre en forme d’oxymore de ce nouvel album est une référence à peine cachée à la période sombre qu’a traversé Kevin Barnes, leader excentrique du groupe, tout juste remis du divorce avec Nina, sa compagne pendant 11 ans et inspiratrice de nombreuses chansons. Mais notre homme, un peu timbré mais pas du genre à s’apitoyer sur son sort, préfère exorciser ses douleurs avec ses chansons psychédéliques aux mélodies paradoxalement joyeuses.
Fortement inspiré par les musiques qui marquèrent le New York des seventies, du propre aveu de Barnes, » Aureate Gloom, » est un album qui se veut plus électrique et énergique que le précédent. L’humeur vagabonde de son auteur et l’enchaînement foutraque de styles musicaux aussi divers que variés, souvent au sein d’un même morceau, donnent le sentiment d’embarquer dans un grand-huit lancé à toute vitesse et dont on ne connaîtrait pas la destination.
L’album s’ouvre avec » Bassem Sabry » sur un riff de guitare digne de Led Zeppelin ou Black Sabbath pour laisser place ensuite à une ligne de basse sautillante immédiatement reconnaissable du style d’Of Montreal. Difficile d’imaginer que cette chanson aborde le destin tragique de Bassem Sabry, journaliste égyptien défenseur des droits de l’homme, disparu récemment dans des circonstances douteuses.
Chaque morceau est un foisonnement de sonorités empruntant principalement à des groupes tels que Blondie, Television ou encore Talking Heads pour ce côté funk blanc, donnant à l’ensemble un côté, baroque et symphonique. Ces excès musicaux, lorsqu’ils sont inspirés, génèrent des joyaux pop tels qu’ » Empyrean Abattoir, » chanson labyrinthique à la méchanceté assumée ou le très glam rock » Last Rites at the Jane Hotel, « .
Sur la longueur de l’album, on sent pourtant poindre une lassitude tant Barnes multiplie les digressions musicales donnant l’impression d’un exercice de style un peu vain et calculé (« Monolithic Egress »). Difficile donc d’écouter du début à la fin avec le même enthousiasme, cet album biscornu, mais il n’en demeure pas moins des moments de grâce faits d’expérimentations, qui nous tiendront en haleine jusqu’aux prochaines découvertes sonores d’un songwriter doué et attachant.
Julien Adans
Of Montreal – Aureate Gloom
Label : Polyvinyl Records
Sortie : 2 mars 2015