Dan Deacon publie sa nouvelle livraison ces jours-ci. Le joufflu barbu de New York remet le couvert pour un nouveau voyage à son image. Déjà entendu pour les uns, jouissif pour les autres.
Dan Deacon, avec son physique rigolo et ses pochettes barrées, est un type qu’on imagine farfelu. En musique électronique, on l’imagine mal donner dans une musique au tempo langoureux et à la répétition d’un même pattern sur 17 minutes. Non Dan Deacon depuis ses débuts new yorkais il y a une petite dizaine d’années, c’est du pétaradant, de l’explosif, du foutraque même, si ce terme n’était pas complètement galvaudé.
Le nouvel épisode de sa discographie ne dépareille pas une seconde dans son paysage musical: répétition, vitesse, multiplicité des sons, des instruments, des boucles sont de la partie. Ce qui fit dire à notre cher Benoît (chef quoi) « comme une sorte de Steve Reich sous amphétamine« .
Gliss riffer, déplaira aux grincheux: il reprend les aventures de 2012, et poursuit le gros oeuvre de America en perpétuant la formule. On est happés immédiatement dans un univers dont je me demande encore exactement duquel il s’agit, puis broyés, hachés menus, pour en sortir machine à sautiller surs ses appuis: la pointe de nos pieds. Sonorités et machines ressemblent comme en continuité à celles utilisées pour Spiderman of the Rings en 2007, son style reste sans grande nouveauté ce qui certes, déplaira aux boulimiques de nouveaux territoires.
Gliss Riffer pète, explose sous une tempête de boucles électroniques, comme un flot continu et un flow vocal à l’avenant, non dénué d’humour. Certains diront « lourd » je répondrai une fois encore « foutraque ». On peut aussi parler d’indigestion si on est pas, ou plus, réceptif à cette formule musicale. Je répond #feteouquoi? via cette électro pop barrée, complètement décomplexée.
Pris individuellement de l’histoire de sa production, on y trouve tout ce qu’on aimait sur les premiers essais: l’énergie, le bourrage de chansons avec mille trouvailles sautillantes, l’énergie vitale qui sort par tous les orifices. Y a-t-il surprise? Non, aucune. Mais la livraison, bien qu’égale à elle même, n’a guère de compétiteur dans le genre que les anciens Avalanches, et peu d’artistes à lui contemporains. Certains seront sans doutes déçus d’y retrouver « encore » la duplication d’une même formule musicale, dans laquelle ils iront même trouver un côté mécanique. Soit.
Alors oui, je ne trouve pas dans cette nouvelle livraison du barbu le plus sympathique de l’électro, le côté « neuf » que j’ai apprécié sur ses premières sorties. Il y a indéniablement désormais une « recette » du Fun selon déconne euh… Deacon. Mais en fait, comme je suis conquis, rien que pour ça, j’aime bien. Et aussi parce que depuis ces derniers jours, Gliss Riffer est mon disque réveil matin du métro. Tu sais, l’album qui pétille comme un bonbon coca cola citrique mais pas trop, qui provoque un petit énervement judicieux pour allumer le diesel d’un corps vivant propulsé dans les couloirs du métro. Riche, jouissif, urbain, moi je me laisse convaincre une fois encore
Denis Verloes
Tracklist
Dan Deacon – Gliss Riffer
label : Domino Records
Sortie : 23 février 2015