Artiste en manque de reconnaissance, David va accepter de mourir après avoir pu, durant 200 jours, sculpter tout ce qu’il voulait avec ses mains. Un conte fantastique et artistique pour un roman graphique cruel mais ambitieux signé Scott McCloud.
Auteur de référence et désormais reconnu depuis sa fameuse trilogie (L’Art invisible, Réinventer la bande dessinée, Faire de la bande dessinée) consacrée à l’art de la bande dessinée, un ambitieux travail théorique paru entre 1993 et 2006, Scott McCloud revient à la fiction avec une bande dessinée fleuve qui, tout différente soit-elle de ses précédentes œuvres, se veut tout aussi complexe et fouillée.
Avec Le sculpteur, l’auteur américain propose un récit dans lequel David Smith, un jeune artiste ambitieux mais en manque de reconnaissance et de confiance, accepte une sorte de pacte avec le diable : durant 200 jours, il pourra sculpter tout ce qu’il veut, comme il veut, avec n’importe quel matériau et sans limite de taille ni de forme, mais à l’issue de ce temps, il se verra contraint de mourir.
D’abord enthousiasmé par cette aventure incroyable, il devra rapidement se rendre à l’évidence que ce « superpouvoir artistique » n’aura pas les effets escomptées et que, malgré une débauche d’efforts et des créations plus incroyables les unes que les autres, son art ne semble pas accepté comme il le souhaiterait. Et pour ne rien arranger, voilà que le 11ème jour, il rencontre l’amour de sa vie.
Scott McCloud prouve si besoin était qu’il est aussi un auteur capable de raconter de belles histoires comme en témoigne cet imposant roman graphique dont la dimension romanesque offre une lecture agréable et captivante avec des personnages profonds et attachants dans une mélange de récit fantastique, initiatique et romantique qui verrait bien ce livre être adapté au cinéma tant les thèmes développés laissent le champ libre à pas mal d’interprétations et d’ouvertures possibles.
Théoricien de la bande dessinée, Scott McCloud met ainsi en pratique ses connaissances à travers un récit dont les qualités se dévoilent au fil des pages. L’auteur fait preuve d’un sens de la narration, du rythme et du découpage évident, avec un scénario aux nombreux rebondissements et qui gagne en profondeur et en intensité au fil des pages, avec notamment des passages très beaux relatant la relation amoureuse entre David et Meg et un final splendide et bouleversant digne des meilleurs films de super-héros.
Livre très attendu en cette année2015, Le sculpteur ne déçoit pas et offrira au lecteur un moment très plaisant et riche en émotions, inspiré en partie de la propre vie de Scott McCloud.
Benoit Richard
Le sculpteur
Roman graphique de Scott McCloud – Fanny Soubiran (Traduction)
Éditeur : Rue de Sèvres
485 pages – 25€
Parution : 23 mars 2015