Kim se met au blues et à la reprise. Un album modeste mais que l’on aurait tort de sous-estimer. 8 huit bonnes chansons, c’est toujours bon à prendre ! D’autant plus que le chanteur évite le tout nostalgique et signe de ce disque collectif, un album personnel
Dire que Kim est un boulimique de musique n’est pas un vain mot. Sachant qu’il a 27 albums au compteur et qu’ il a sorti 52 singles assorti de 52 clips en une seule année et qu’en plus, il a trouvé le temps de travailler pour d’autres, on est encore loin du compte. Très loin.
Pour Kim sings the blues at Midnight Special records (dans sa version complète, comme un titre du temps de Nina Simone), tout est partie d’une fulgurance : et si on faisait un album de reprise de blues ? Une envie, un plaisir comme ça. The Hard Rock – un des précédents albums de Kim – n’était pas vraiment hard rock ni The Fatal mambo pas vraiment mambo mais celui-là serait bel et bien blues. Un vrai album de blues enregistré sur un label de blues, avec des musiciens de blues, ceux du Junior Vic Band mais aussi Cléa Vincent, Michelle Blades, Malvina Meinier, René Miller ou encore Sacha Got de la Femme qui passait par là et se mit à l’orgue. L’album leur ressemble : sans chichis, avec un collectif qui se met au service exclusif de la chanson.
Cela pourrait sentir la naphtaline et le passéisme et c’est pourtant tout le contraire, un album vivant et finalement personnel qui parle beaucoup – en creux – de Kim. Peut-être car derrière les passages presque obligés (Robert Johnson ou J. B. Lenoir), Kim affirme ses préférences et à travers celles-ci, ses affinités et sa personnalité. Comme celle de choisir le vieux classique de Louis Jordan and the Tympagny five mais revu dans la version de Harry Nilsson. Ou de ressortir fort opportunément un vieux titre Neil Young, vampire blues (dans une version épatante) . Comme dirait l’autre, tout le musique que j’aime, elle vient de là, elle vient du blues. Et ce disque a des vertus didactiques pour remettre les choses à leur place.
Et puis, à ses reprises stricto sensu, Kim et son groupe interprètent bel et bien deux titres d’aujourd’hui, c’est-à-dire composés pour l’occasion : Crystal in my veins par Malvina Meinier est un vrai morceau d’ambiance nocturne qui s’étire pour notre plus grand plaisir sur plus de 8′. Et What they call a descent par Michelle Blades a la légèreté d’un titre Nico égaré en terres Velvet-iennes.
Dernier point et non des moindres, délaissant le songwriting au profit de celui d’autres, il s’affiche essentiellement comme chanteur (il ne peut s’empêcher d’empoigner une guitare et de se mettre à la batterie sur deux titres), et dans cet exercice de confiance en autrui et de mise en danger de son univers propre, Kim semble s’épanouir comme jamais. Il faut le voir chanter sur Early in the Morning ou sur Without you, poignante et triste déclaration d’amour écrite par Danny Kirwan pour Fleetwood Mac. Le foutraque songwriter, musicien éclairé et passionné, est aussi un grand interprète. Derrière ses 27 albums et 52 singles, on l’avait presque oublié.
Denis Zorgniotti
Kim sings the Blues at he midnight special records
Date de sortie : le 13 avril 2015
Label : Midnight Special Records