Accompagnés de ses synthés, Martin Gore laisse (pour un temps) de côté Depeche Mode et s’offre une échappée solitaire pour un album à la fois ludique et expérimental.
Loin des œuvres composées pour Depeche Mode et de son escapade techno aux côtés de Vince Clark sur le projet VCMG, Martin Gore alias MG livre un premier album solo totalement instrumental, en forme de vignettes expérimentales auréolées de rythmiques en pointillés.
Les 16 titres au format court qui composent MG flirtent avec les ambiances synthétiques de Brian Eno, Angelo Badalmenti ou Vangelis, teintées de frémissements sombres aux soubresauts indus que n’auraient certainement pas reniés Trent Reznor.
Martin Gore joue avec les sons de manière ludique, développant un espace intérieur aux allures de courts-métrages rétro-futuristes, combinaison de machines analogiques et de synthés modulaires, de beats martiaux et d’electronica faussement naïve, le tout guidé par un sens de la mélodie intrinsèque qui agrippe le cortex pour ne plus nous quitter.
L’album MG ne révolutionne certes rien mais offre l’extension personnelle de l’un des compositeurs pop les plus marquants de ces trois dernières décennies, interlude viscéral en forme de pièce pour puzzle en construction permanente. Un opus aux allures de tentative d’explication du principe de création, ébauche accomplie d’une carrière exemplaire en forme d’escapade ludique et lumineuse, dont le format « miniatures dépouillées » se suffit à lui-même pour tenter de percer d’un peu plus les mystères d’un artiste secret, habité de poésie et de sérénité corrosive. Très fortement recommandé.
Roland Torres
Martin Gore MG
label : Mute
Sortie : 27 avril 2015