Avec son nouvel album, le duo suédois Death and Vanilla s’émancipe de ses modèles pour façonner encore et toujours une pop rétro-futuriste plus personnelle, une musique au panorama étiré, comme à la grande époque du cinémascope.
Broadcast et sa défunte chanteuse Trish Keenan, n’en finissent plus d’inspirer quantité de groupes avec plus ou moins de réussite. Derrière cette frénésie un peu tardive (on aurait aimé que la reconnaissance du talent du combo de Birmingham se fasse de leur vivant), se dégage en particulier un groupe, un duo plus précisément, qui nous vient de Malmö en Suède : Death and Vanilla (nom inspiré par les deux lapins que possédait gamin Anders Hansson l’un des membres du groupe).
To Where The Wild Things Are…, leur 2ème album, forme un ensemble homogène de chansons qu’on croiraient produites par Phil Spector tant les voix semblent noyées sous un déluge de réverbération, oscillant sans cesse entre beauté éthérée et rugosité. Death and Vanilla distille une pop hallucinogène, baignée dans des sonorités sixties, le groupe ayant choisi d’allier instruments vintage (orgue, vibraphone, mellotron, moog…) avec des nappes électroniques.
En dépit de ces multiples références (auxquelles on pourrait ajouter Cocteau Twins, Stereolab ou encore le Velvet Underground), Death and Vanilla semble avoir digéré toutes ces influences pour mieux les transcender et proposer un son organique qui lui est propre, véritable fil conducteur de l’album. Cela explique peut-être pourquoi il sera difficile d’extraire de cet ensemble un ou deux titres emblématiques, chaque chanson étant le reflet de la précédente, un prolongement continu sans interstices. Arcana, Follow The Light ou encore California Owls pour ne citer que ceux là, sont des songes moelleux et hypnotiques dans lesquels il est bon de s’abandonner.
A travers ce quasi sans-faute, on ressent la volonté du groupe à ne pas changer d’un iota dans sa façon de procéder, en enregistrant des pistes, en coupant puis recollant pour créer des boucles sur lesquelles seront posées les voix. L’album devait d’ailleurs au départ contenir autant de chansons que d’instrumentaux. Au final, après le mixage, seuls deux titres (Something unknown you need to know et The hidden reverse) ne sont pas chantés. Le revers de la médaille d’une telle méticulosité est un manque d’émotion sur certains titres qui mériteraient davantage de puissance et d’exaltation. To Where The Wild Things Are… n’en reste pas moins une grande réussite avec des instants de pure magie et ses mélodies sans âge mais universelles.
Julien Adans
Death and Vanilla – To Where The Wild Things Are
Label : Fire Records
Sortie : 4 mai 2015