Le ciel, le sable, les machines, la route… du bleu et du jaune, des orangés, des bruns, tel est le nuancier de la saga Mad Max. Et puis du bruit, du silence. Et enfin une énergie qui emporte tout. Avec Mad Max : fury road, George Miller renoue le dialogue avec la trilogie qu’il a créée et remet les pendules à l’heure.
Ceux qui pensent qu’un « bon scénario » se résume à 500 pages de dialogues en seront pour leurs frais. Ceux qui aiment les scènes bavardes et les messages appuyés, de même. En 1979, Mad Max avait imposé sa narration graphique, ses images contrastées, son lyrisme apocalyptique. 35 ans après, le mode opératoire est le même.
Miller dessine une ligne et s’y tient. Passées les scènes d’exposition, le convoi s’ébranle et rien ne l’arrête. Énergie brute, concentré de puissances parallèles, Mad Max : fury road est un mouvement perpétuel. Assimilant la vitesse aujourd’hui de mise dans le cinéma d’action tout en imposant sa marque de fabrique, le cinéaste australien maîtrise la machine et convoque les ambiances et l’imagerie des trois films précédents, les contrastes du 1, le nihilisme du 2, les désirs de rédemption du 3.
Pour nourrir ses personnages, Miller ne pouvait pas faire meilleur choix. Combinant talent, beauté et animalité, Charlize Theron, Tom Hardy et Nicholas Hoult concentrent tout dans leur seul regard et leur gestuelle féline, prenant ainsi place dans la signature graphique du film. Furiosa prenant l’ascendant sur Max, le film impose la domination féminine d’une Charlize Theron magnétique et puissante. C’est elle qui conduit le récit, elle que l’on veut suivre, elle qui nous bouleverse aux larmes le temps d’une scène de détresse.
Terrassant les blockbusters à la chaîne et les assommantes productions Nolan, Mad Max : fury road se rapproche de Snowpiercer – le Transperceneige dans ce cinéma du mouvement et de la ligne tracée, profondément graphique, brut et puissant.
Sans aucun temps mort, magnifiquement rythmé, illustrant de nombreux thèmes de science-fiction, écologie, féminisme, eugénisme, conditionnement ou syndrome de Stockölm, le dernier opus en date de la saga Mad Max fera date.
Pierre Guiho