Avant de connaître le succès avec Les ignorants, avant d’être adapté au cinéma avec Lulu femme nue, Etienne Davodeau a fait paraitre bon nombre de bandes dessinées qui n’ont pas forcément eu la reconnaissance méritée. C’est pourquoi, on saluera comme il se doit la réédition de sa trilogie Un Monde si tranquille par les éditions Delcourt.
Initialement parus en 1999, 200 et 2002 dans la Collection Sang Froid, La Gloire d’Albert, Anticyclone et Ceux qui t’aiment, ces trois livres ont pour point commun de mettre en scène des personnages ordinaires dont la vie va basculer suite à événement inattendu.
La première histoire évoque les dessous de la vie politique d’une petite bourgade de province à travers le portrait d’un homme attiré par les idées d’un parti d’extrême droite et qui va être le témoin d’un meurtre. La seconde histoire nous plonge dans le milieu de l’entreprise avec le combat d’une femme de ménage et d’un chauffeur routier, tous deux sur le point de perdre leur boulot et qui sont prêts à tout pour ne pas en arriver là. Enfin, le dernier récit s’attaque au milieu du football amateur avec l’incroyable histoire d’une vedette d’un club régional qui se voit kidnappée par deux hurluberlus qui vont réclamer une rançon en échange de sa libération.
En fil rouge à ces trois histoires, on retrouve quelques thèmes récurrents dans les récits de fiction de Davodeau que sont la bêtise humaine, l’injustice sociale, les coups de folie et plus généralement ce qui fait qu’une homme, un jour, décide de passer de l’autre côté, de faire basculer sa vie sur un coup de dé, sur une décision malencontreuse dont la cause est bien souvent à chercher dans la pression sociale qui s’exerce sur lui.
Présentés sous une nouvelle maquette, ces trois volumes par certains aspects n’ont pas trop vieilli et malgré le côté parfois un peu caricatural des situations, on pourra se (re)plonger dans ce triptyque pour voir aussi comme le style de Davodeau a évoluée au fil des années. L’auteur alternant souvent récits de fiction et BD documentaires passionnantes (Rural !, les Mauvaises Gens, Les ignorants), un genre où il est passé maitre comme en témoigne le récent Mort d’un juge écrit en compagnie du journaliste de France Inter, Benoit Collombat, et paru au format numérique dans l’excellente revue dessinée en 2014.
Benoit RICHARD
La Gloire d’Albert
48 pages couleurs – 14,50 €
Anticyclone
56 pages couleurs – 14,50 €
Ceux qui t’aiment
56 pages couleurs – 14,50 €