Entre histoire personnelle et peinture d’une société Libyenne gangrénée par des années de dictature, Riad Sattouf trouve le juste équilibre, nous offrant le premier volet d’un récit qui se déclinera en 3 volumes.
Riad Sattouf a souvent évoqué son adolescence d’une manière plus ou moins détournée comme dans Retour au collège, Les pauvres aventures de Jérémie ou encore dans son premier film Les Beaux Gosses. Mais jamais, il n’avait si ouvertement raconté son enfance que dans L’arabe du futur.
Une jeunesse au Moyen-Orient (1978-1984) nous ramène aux années 70 quand, le père de Riad Sattouf fait la connaissance de sa mère alors qu’il est étudiant à la Sorbonne. Après avoir obtenu un doctorat, ce dernier accepte un poste à l’université de Tripoli, dans la Libye de Kadhafi. Il quitte alors la France en compagnie de sa femme et du tout petit Riad à peine âgé de 2 ans. Un vrai choc culturel pour notre futur auteur de BD.
Avec le talent qu’on lui connaît, Sattouf évoque cette époque de manière très détaillée mais surtout avec beaucoup d’ironie, d’humour et de perspicacité et surtout avec la distance nécessaire… un peu à la manière de Marjane Satrapi dans Persépolis ou de Guy Delisle notamment dans ses Chroniques Birmanes ou de Jérusalem.
Le livre fourmille d’anecdotes, de souvenirs d’enfance très précis, de situations totalement ubuesques avec ce père étrange qui considère la Libye comme le pays du bonheur et de la liberté alors qu’autour de lui règne la misère et la dictature. Mais le vrai bonheur pour le lecteur est de voir comment Riad Sattouf se dessine sous les traits de d’un petit garçon à bouclettes blondes que l’on jurerait tout droit sorti d’une aventure du Petit Nicolas.
Vivant dans un pays aux rites bizarres, dont il ne maîtrise pas la langue, le petit Riad doit en plus faire face à la brutalité et à l’incompréhension des enfants de son entourage… avec tout un tas de situations qui donnent lieu par moment à des scènes totalement ubuesques mais qui font tout le charme de cette bande dessinée.
Entre histoire personnelle et peinture d’une société Libyenne gangrénée part des années de dictature, Riad Sattouf trouve le juste équilibre, nous offrant le premier volet d’une BD déjà plus qu’indispensable qui se déclinera en 3 volumes.
Benoit RICHARD