Rose débarque dans la capitale au milieu des années folles et tombe amoureuse de Victor à la fois boxeur, indic et brigand. Une immersion dans l’effervescence du Paris l’entre-deux-guerres pour une épopée en noir et blanc.
Le jazz, le surréalisme, le mouvement dada, le music-hall, les festivités et l’enivrement caractérisent la période prospère de l’entre-deux-guerres marqué par la consommation, si ce n’est la surconsommation et les abus en tout genre. Paris, de Montmartre à Montparnasse, devient le symbole d’un renouveau culturel et artistique influencé par la culture américaine, un lieu de rencontres littéraires et artistiques.
Gilles Schlesser et Éric Puech nous entraînent au cœur des années folles dans un récit à la croisée de la chronique contemporaine, du polar et de la comédie de mœurs.
C’est dans ce contexte que Rose débarque de Quimper pour devenir demoiselle du téléphone au central Gutenberg de la rue du Louvre. Elle y rencontre Sidonie, sa nouvelle amie et colocataire, qui l’entraîne dans l’effervescence des nuits parisiennes. Du Bal Nègre à la Closerie des Lilas, elle s’immerge progressivement dans un milieu foulé par les écrivains, les poètes, les peintres, etc. Un cercle d’érudits truculents et bohèmes portés sur l’alcool, les stupéfiants et la débauche. Victor, après un énième larcin, sort lui du quai des Orfèvres. Ex-boxeur, devenu indic pour les services de police de la ville, il va rependre les gants pour s’attirer la sympathie d’un baron de la drogue local, jusqu’à devenir son chauffeur pour mieux épier ses faits et gestes. Deux parcours radicalement opposés qui vont s’entrecroiser sur fonds de trafics et de passions confuses.
Rose de Paris est une histoire de rencontres, de rêves et de désenchantements où la mise en scène d’une idylle amoureuse tumultueuse reste classique mais efficace par ses rebondissements. Paris, tour à tour fastueuse et populaire, vaste et intime, songe et cauchemar, se révélera au fil de la lecture sans nul doute le protagoniste principal de l’intrigue. Le nez chargé de cocaïne, le lecteur déambule, en noir et blanc, au cœur de la ville lumière qui s’emballe pour une aventure lancée à plein régime, évoquant le début du trafic de drogue, le syndicalisme, les premières luttes sociales pour l’égalité des salaires entre hommes et femmes ou la crise du logement. S’il est parfois difficile de suivre la chronologie du récit, il n’en reste pas moins un beau portrait de l’époque. Le dessin réaliste au lavis joue avec l’esthétique des années 30, conférant à l’ouvrage un charme nostalgique. Graphiquement vivant, le crayonné d’Éric Puech est chargé de détails servant le réalisme historique.
Une œuvre à lire, ne serait-ce que pour profiter d’un verre avec Léonard Tsuguharu Foujita, Moïse Kisling, Man Ray, Jules Pascin, Ernest Hemingway ou, la figure emblématique des années folles, Joséphine Baker !
Simon BAERT
Rose de Paris
Scénario : Gilles Schlesser
Dessin : Éric Puech
Éditeur : Parigramme
116 pages – 18,90€
Date de sortie : 26 février 2015