Chez Bruno Adrie, poésie et ironie se combinent pour offrir une caricature révélatrice de notre monde à travers douze nouvelles originales et surprenantes.
« Liberté » : que se cache-t-il derrière ce mot si souvent répété, brandi comme un étendard, présenté comme la valeur suprême ? Ceux qui en usent et en abusent en sont-ils les véritables défenseurs ? Et s’il ne faisait que cacher des horreurs, justifier des crimes, dont le but est bien plus le profit des gouvernants que la liberté réelle des gouvernés…
Dans Sous ton nom, Liberté, j’écris mon nom, Bruno Adrie interroge ces mots-réflexes, ces abstractions qui nous cachent des réalités souvent bien différentes. Toutes ces formules, répétées à longueur de journée, les « élections libres », le « droit des peuples à disposer d’eux-mêmes », ne sont-elles pas en fait une novlangue orwellienne grâce à laquelle les puissants, et leurs complices les médias, endorment le peuple pour mieux masquer leurs méfaits ? C’est précisément ce que tend à nous montrer l’auteur de ce recueil, au fil de nouvelles aussi riches que variées.
Car si elles possèdent toutes ce dénominateur commun, chacune est originale, chacune fait entendre une voix, une histoire, depuis l’enfant d’un village d’Amérique latine meurtri par les exactions de ses dirigeants (« Les destructeurs ») jusqu’au déserteur de la guerre de 14 qui tente de rejoindre « l’ennemi-ami » (« Boue bleue »), en passant par l’artiste délirant de la « Fondation Sphincter des Arts Abstrus, Abscons et Amphigouriques » (« Immortelle FS4A ») ou encore le cynique Ruporte Merdèque et ses bombes au menthol (« Triptyque »).
Mais c’est la voix du narrateur qui les transcende toutes, avec son ironie mordante qui se veut « un poignard qu’on enfonce dans l’âme pourrie de ceux qui mentent par profession ». La plume de Bruno Adrie semble imprégnée d’un venin tout aussi décapant que purifiant : le lecteur subit une véritable catharsis à la lecture de ces nouvelles qui lèvent le voile sur un monde hostile, tout en en fournissant l’antidote. Cet antidote, c’est tout d’abord l’humour, le rire, la dérision. Mais c’est aussi l’espoir, l’espoir d’une résistance, d’un héros sorti de l’ombre (« Triptyque »). Ou encore, mais c’est peut-être le plus difficile à obtenir, l’Amour (« Ainsi m’aimeriez-vous ? »).
À ce jour, Bruno Adrie a auto-édité trois ouvrages : Sous ton nom, Liberté, j’écris mon nom, Le Ministricule et Cosmic Business (à venir prochainement), et il publie régulièrement des textes inédits sur son blog.
Clara Piraud
Sous ton nom, Liberté, j’écris mon nom
Nouvelles de Bruno Adrie
Auto-édité
95 pages – 11,50 euros (livre) ou 5,45 euros (format Kindle)
Date de parution : juin 2015
Extrait :
« Des élections, ça faisait combien de temps que son peuple en rêvait ! Un demi-siècle au moins ! Il va enfin pouvoir élire ses représentants, choisir ses maîtres, agiter des drapeaux dans les fanfares, pleines de sourires et de confettis, danser sous la grosse caisse et les couacs des clairons. Les promesses résonnent déjà sous des orbites électoralement contrôlées. Des candidats, on en sort à la pelle des valises des vainqueurs, des exilés enfin de retour, prêts à la revanche. Il en vient de partout, ils déferlent, une vraie vague d’espoir : je me présente ! je représente la Liberté ! Je vous apporte la Vérité ! on proclame, on crie, on vagit des slogans. C’est ça la liberté à l’accouchement. Sous ton nom, Liberté, j’écris mon nom… »