Avec Things Always Change, Finnmark! revisite avec un certain charme une époque où la pop se faisait intimiste et existentielle, tournant définitivement le dos au punk pour privilégier la romance.
Quand on entreprend des recherches sur le net sur Finnmark, on découvre qu’il s’agit d’un comté à l’extrême nord de la Norvège, un endroit quasi désert où les habitants vivent principalement de la pêche. C’est aussi un endroit très prisé pour y découvrir les aurores boréales et surtout le soleil de minuit. Pas étonnant qu’un petit groupe de Leeds, ait emprunté le nom de cette bourgade, tant cette terre proche de la Laponie, semble être restée figé dans le temps. On pourrait se faire la même réflexion à propos de Things Always Change, le premier album de Finnmark!, qu’on pourrait facilement croire échappé des oubliettes du rock indie de la fin des années 80.
Things Always Change est pourtant bien paru ce mois-ci sur le label Beko et il reprend les choses là où s’étaient arrêtés des groupes tels que Field Mice, St Christopher ou encore Northern Portrait. A l’écoute de Transpennine Express, on devine sans mal qu’Edward Forth et Owen Radford-Lloyd, les deux membres fondateurs du groupe, sont de grands nostalgiques d’une époque révolue où des groupes comme Ride ou The Stone Roses étaient les têtes d’affiche les plus prestigieuses du Royaume-Uni. Après deux singles (Everyone’s Dying et Brännö), un EP (We’re Not Köping chez February Records) et quelques reprises inspirées (Tugboat de Galaxie 500 et Jar of Cardinals de Guided By Voices), le groupe nous offre un premier album abouti et cohérent avec son lot de chansons sensibles, simples et accrocheuses.
A entendre des chansons comme Cardigan Fields ou Just Begin , on se dit que Finnmark! aurait très bien pu figurer dans le catalogue du label Fortuna Pop ! (Flowers, The Pains of Being Pure At Heart). Avec cette façon d’allier harmonie pop et ligne claire comme sur Can’t Go Home et Transpennine Express, il est difficile de ne pas penser à d’autres grands oubliés de la pop comme Moose, groupe britannique du début des nineties et chouchou de Bernard Lenoir et des Inrockuptibles.
Véritable madeleines de Proust, les chansons de Finnmark! nous font voyager avec bonheur dans une époque qui n’est plus. A défaut d’originalité, Things Always Change dispense une fantaisie un peu barrée qui n’est pas dénuée de charme. C’est largement suffisant pour qu’on y revienne régulièrement, comme lorsque l’envie nous prend de feuilleter de vieux albums photos.
Julien ADANS
Finnmark!– Things Always Change
label : Beko
Sortie : 15 mai 2015