L’actualité musicale étant toujours plus calme en juillet et août, on profite donc de ce moment pour vous proposer une sélection d’albums pour cet été. Musique du matin, musique pour la sieste, musique du soir et même pour la nuit, voici 15 albums pour vous accompagner tout l’été.
Trails and Ways – Pathology
L’été est souvent considéré comme une saison musicale médiocre qui donne plutôt envie de vider son cubi de rosé devant tant d’inepties musicales. C’est tout le contraire avec Trails and Ways, quatuor californien rencontré sur les bancs de l’université de Berkeley, qui délivre selon leurs dires un shoegaze tropical (est-ce réellement possible?). Récemment paru sur le label de Seattle Barsuk Records (Death Cab for Cutie), leur album Pathology, est un métissage réussi de bossa nova, de dream pop et de disco. Inspirés par leur voyage à Ceará (Brésil) et en Galice (Espagne), nos quatre compères chantent à tour de rôle des hymnes pop (Skeletons, Say You Will), des ritournelles electro (Mtn Tune) et des invitations à la sieste (Terezinha), aussi à l’aise en anglais qu’en espagnol ou portugais, donnant à l’ensemble une touche cosmopolite et exotique qui en fait un album définitivement taillé pour l’été. J.A. bandcamp
Manolo Redondo – A Drop About To Drown
Voici un disque qui donnera peut-être des envie d’ailleurs, des idées de voyages ensoleillés. Bercé par la voix douce de Manolo Redondo, par les guitares et les arrangements généreux de cet album qui rappellera certaines ambiances de chez Josh Rouse, on se laisse porter sans difficulté par les onze chansons indie pop folk d’une élégance folle de ce garçon… A écouter en voiture, sur la route des vacances, c’est encore mieux ! B.R. Deezer / Spotify
Ichliebelove – Wax & Wane
Il y avait le Wax and Wane de Cocteau Twins au début des années 80. Il y a désormais celui d’Ichliebelove en 2015. Entre les deux, plus de 30 ans d’écart mais toujours cette cold wave et ces claviers synthétiques, idéals pour se rafraichir un peu. Le deuxième album du Tourangeau, moins psychédélique que le précédent, se recentre sur des mélodies Depeche Mode mais en prenant bien soin de dépasser un peu du trait. Il faut dire qu’entre temps, l’électronique s’est émancipée du format et en bon élève de Caribou, Ichliebelove donne un supplément de textures et de fluidité à sa jolie musique. Ajoutez Laudanum et Half Asleep en guest et vous obtenez un album qui séduira les anciens et les modernes. D.Z. Bandcamp
Kölsch – 1983
Toujours passionné par les années antérieures et même celles d’avant, le danois du label Kompakt est de retour après un premier LP fort convaincant appelé 1977 paru en 2013. Il est de retour avec sa techno/house racée et fluide, minimaliste mais pas trop, taillée pour un dance-floor classieux et ensoleillé. Un disque que vous ne retrouverez sans doute pas dans la sélection du camping 4 étoiles du Grau du Roi mais que vous pouvez écouter, là, tout de suite. B.R. Deezer / Spotify
The Milk Carton Kids – Monterey
Pop folk, duo de guitares acoustiques en totale harmonie dans la droite lignée de Simon & Garfunkel et des Kings of Convenience, avec des chœurs généreux et des arpèges de guitares délicats, c’est The Milk Carton Kids. Le duo revient après le très beau The Ash & Clay paru en 2013, avec là encore un disque bien agréable, à écouter à la fraîche le soir, fenêtres grandes ouvertes, toutes lumières éteintes, pour ne pas faire entrer les moustiques. B.R. Bandcamp
Ropoporose – Birdbus – EP
Un duo de frère et soeur faisant de la musique comme chien et chat : tour à tour complice ou sortant ses griffes, dans un échange musical agile et énergique. Elephant Love, le premier album de Pauline et Romain, avait égayé notre hiver par son indie rock impertinent et son lo-fi inventif. Pour l’été, Ropoporose la ramène une nouvelle fois, ne nous laissant pas seul pour affronter les chaleurs estivales. Enregistré chez les amis Funken et Piano Chat, Birdbus fleure bon les guitares ensoleillés et les claviers bubblegums. En plus, le clip qui accompagne le single est une vraie invitation pour une petite sauterie joyeusement destroy. D.Z. Deezer / Spotify
Kid Francescoli – With Julia
Cela aurait pu s’appeler « un homme et une femme » mais le nom était déjà pris et puis Mathieu Hocine alias Kid Francescoli doit plus être branché Ennio Morricone que Francis Lai. Le marseillais a rencontré Julia Minkin et au coup de foudre amoureux s’est ajoutée l’envie de faire un album ensemble. Avec Kid Francescoli, L’Air de Versailles s’était déjà réchauffé en abordant les rivages méditerranéens. Puis, sous l’impulsion de Julia, la musique avait pris la tangente américaine pour un résultat oscillant entre John Cassavetes et pop italienne. Des mélodies faussement naïves plongées dans un bain d’arrangements raffinés ; une légèreté avec toujours la mélancolie au bord des lèvres. En deux clips cinématographiques, With Julia nous fait passer de New York à Los Angeles, pour un changement express de saison. Comme tous les amours d’été, le couple Kid Francescoli et Julia n’est plus mais il nous reste heureusement ce disque comme preuve irréfutable de leur talent. D.Z. Spotify
Elvis Perkins – I Aubade
Retour impromptu d’un des princes du folk US, l’étonnant I Aubade du rare et précieux Elvis Perkins enchante par son magnétisme étrange et tenace. Un voyage stratosphérique aux contours flous, vaporeux et oniriques aux échos seventies, nourri de blues archaïque et gospel déviant, teinté d’un psychédélisme à la Devendra Banhart. Un trip décalé, déraillé, mais accueillant, où l’on se sent comme à la maison. Disque singulier et personnel d’une suprême liberté, qui ouvrira un réjouissant courant d’air dans votre esprit. F.R. Deezer / Spotify
Lee Bannon – Pattern of Excel
C’est la curiosité de la sélection ! Elle est signée du producteur bidouilleur Lee Bannon. Si ce New-yorkais est issu du monde du rap (Soul Of Mischief, Hieroglyphics), cette fois c’est avec un disque mélangeant ambient music et trip hop qu’il revient sur Ninja Tune. Pattern Of excel est un album soyeux et rêche à la fois, complexe et sinueux, mais qui garde en permanence un aspect « ligne claire » qui le rend totalement lisible et jamais ombrageux. Laissez-vous donc porter par ces collages osés mais totalement convaincants qui font de ce disque une douceur estivale qui convaincra sans aucun doute les oreilles les plus exigeantes. B.R. Bandcamp
Monogrenade – Composite
Venu de la bonne vieille province de Québec, un petit bonheur de groupe réconcilie indie rock, pop expérimentale et lyrisme orchestral. Drivés par le talentueux Jean-Michel Pigeon, les Monogrenade font éclater sur Composite l’inventivité de leur pop fureteuse, mêlant rock Grandaddyesque, électro pop et cordes classiques. Moderne, mélodique et ludique, une embardée montréalaise qui fait voir du pays. F.R. Bandcamp
Superpoze – Opening
Contemplative et sensuelle, la virée électro orchestrée par Superpoze constituera le plus séduisant de vos trips musicaux de l’été. Superbe rêverie ambient bercée d’un piano élégiaque tout autant qu’éminemment dansante, la musique du jeune caennais surdoué s’adresse autant à l’âme qu’au corps, à l’introspection intime qu’à la transe hédoniste. Et la célébration s’avère irrésistible en live. C’est dit : Four Tet et Jon Hopkins ont du souci à se faire. F.R. Spotify
House Of Wolves – Daughter Of The Sea
Splendeur absolue que ce deuxième album du projet folk de Rey Villalobos, cette « fille de la mer » de House Of Wolves est une brève mais intense plongée folk au plus profond des émotions, du sensitif et de l’essentiel. Ombres portées de Leonard Cohen, Elliott Smith ou Bon Iver première manière, mélodies évidentes illuminées par ce timbre chuchoté si proche, douceur apaisée et fulgurances abruptes inextricablement mêlées, un disque de célébration de la vie, tragique et lumineuse à la fois. De belles choses pour un été brûlant. F.R. Spotify
Movie Star Junkies – Evil Moods
Voilà du gros son qui sent bon le cambouis, les joints de toutes sortes, les amphètes et la mauvaise bière. Ambiance gros rock psyché teinté de pop déjantée très très bien fichu autant dans sa composition alambiquée et cinématographique, que dans son jeu crade, sauvage, juste parfait et son enveloppe sonore toute en réverb, voix gouailleuses, hululements, chœurs, grosses guitares à la Blues Explosion, cuivres et xylophones. Tu te croirais en Californie mais ça vient d’Italie ce qui te mène direct sur le tournage andalou d’un western spaghetti. C’est chaud dans tous les cas… fumant même. Ajoute à ça un texte de Dylan Thomas (le Bob l’éponge gallois), l’ombre planante d’Edgar Allan Poe (Bob l’éponge bis mais c’est moins drôle parce que lui ne s’appelle pas Dylan), et un morceau intitulé Jim Thompson (et de trois) pour la caution littéraire et alcoolique… bing ! Tu comprends aisément que tu n’as pas affaire à des punks incultes et toxicos mais à de grands musiciens… bien givrés certes, légèrement portés sur la chose « seventies » certes encore… mais convaincus à 300 % du message sacré qu’ils ont à délivrer. Lève le pied, c’est 130 sur l’autoroute ! Indispensable. Je ne sais pas pourquoi mais j’ai envie d’une sangria. S.M. Deezer / Spotify
Le Bâtiment – Vous Arrivez Trop Tard
Tu aimes la pop lo-fi, bancale, enregistrée à la va comme je te pousse (genre The Vaselines première époque), celle qui mise tant sur les mélodies et les émotions qu’elle n’hésite pas à les exposer dans leur plus simple appareil… et bien tu vas forcément adorer Le Bâtiment. Après La Souterraine qui lui a consacré une Mostla Tape (Répertoire) cet hiver, c’est au tour d’Objet-Disque de reprendre le chantier avec cette compilation de titres issus des nombreux enregistrements du garçon diffusés via la cave de son Bandcamp. Voici donc quatorze chansons paradoxalement légères et lourdes, ritournelles de plage qui te laissent entendre les vagues mais toutes en déballage de tripes, de nostalgie des îles, d’amour foireux et d’histoires de famille plus ou moins tristes. Légères et lourdes donc. Jeu de guitare hyper-personnel et identifiable, écriture faussement naïve. Étends ta serviette, badigeonne-toi d’écran total parfum monoï, allonge-toi, balance le son et laisse-toi bercer ! (sortie imminente, début Août, faudra attendre un peu). Une autre sangria patron, s’il vous plaît… S.M. Bandcamp
The Limiñanas – Down Underground – LP’s 2009/2014
Avec un tout petit peu d’enthousiasme, on pourrait dire que The Limiñanas est actuellement le meilleur groupe du rock des Pyrénées-Orientales du monde. Il suffit de se plonger quelques instants dans leurs chansons pop rock mélangeant psychédélisme, yé-yé déjanté et rock garage pour se rendre compte à quel point de ce duo est devenu, depuis la parution de Costa Blanca en 2013, totalement indispensable à nos oreilles. Alors comme The Limiñanas ont fait paraître il y a quelques mois une anthologie regroupant une cinquantaine de morceaux parus entre 2009 et 2014, on se dit qu’il n’y a pas de raison pour que cette géniale compilation ne soit pas celle de notre été 2015 ! B.R. Deezer / Spotify