2567 albums à sortir entre septembre et décembre et seulement deux oreilles pour écouter tout ça. Heureusement, la rédaction de Benzine est là pour vous aider à faire le tri. Voici 16 albums « coup de cœur » pour cette rentrée 2015.
Evening Hymns – Quiet Energies
Déjà le troisième album pour Evening Hymns et si la musique de Jonas Bonnetta reste toujours folk, clair changement de ton. Après le recueillement du deuil et l’intimisme du douloureux Spectral Dusk succèdent l’apaisement et l’énergie. Un appareillage électrique plus familier mais où la luminosité de l’art du barde canadien au beau timbre de voix confirme sa richesse. Disque de route bipolaire, entre virées électriques à la Other Lives et ballades atmosphériques captivantes, la confirmation d’un beau talent attachant aux vertus fraternelles. F.R. (Kütu Records / Differ-ant) Spotify
Orwell – Exposition universelle
Plus de nouvelles ou presque pendant 4 ans, alors forcément, on s’inquiète un peu… Et puis voilà qu’en cette rentrée 2015 arrive le nouvel album d’Orwell, un groupe qui, depuis 15 ans, illumine la pop « Made In France » avec une grâce et un talent qui ne semble pas s’estomper malgré les années. Pour ce cinquième album, le groupe retrouve la langue de Molière et nous offre 13 chansons juste parfaites, baignées d’une douce lumière et arrangées avec un soin incomparable. Comme à l’accoutumée, le groupe s’est entouré de quelques amis (Cascadeur, Thierry Bellia ou Kidsaredead), pour donner vie à cette perle de pop à la fois moderne et classique qu’il faudra chérir comme il se doit. B.R. (Europop 2000/Rue Stendhal) Spotify
Ought – Sun Coming Down
Ought, le retour. Tu avais aimé Today Like Any Other Day, explosif, expiatoire, ex nihilo et cætera…. tu adoreras Sun Coming Down, toujours chez Constellation Records. La recette est la même mais les cuistots ont mûri, maîtrisent mieux le tranchant de leurs lames et les temps de cuisson. Le son est juste un peu plus mat, plus produit. Formule basse, batterie, clavier, chant-guitare, bien dingue, sèche et syncopée, compositions et arrangements hyper habiles. Men For Miles en ouverture, ritournelle goosienne, n’a rien à envier à Sonic Youth du haut de ses neuf minutes et des poussières, Beautifull Blue Sky et son final façon L’Étoffe Des Héros t’envoie dans la stratosphère et t’offre un des plus beaux larsens contrôlés de l’histoire du rock ! S.M. (Constellation / Differ-ant) Spotify
Shopping – Why Choose
Le rock, c’est simple comme un album de Shopping. Une ligne de basse qui fend la foule, des guitares mutines, des voix impertinentes qui se répondent. Un post-punk qui donne envie de danser dans une frénésie communicative. Entre le motif millimétré et la folie expansive, Why Choose fait sacrément du bien. Le trio anglais évoque les Cure débutants, The Slits, Sleater-Kinney, Gang of Four ou ESG. Que du bon et sans l’obligation de choisir ! De quoi vous donner vraiment envie de Shopping. D.Z. (FatCat / Differ-ant)
Foals – What Went Down
Deux ans après Holy Fire, les membres de Foals n’ont rien perdu de leur feu sacré pour aborder un nouveau virage dans leur discographie avec What went down. Porté par l’incandescent single éponyme dès son ouverture, cet album fou et brûlant impressionne à chaque écoute par sa puissance et son ampleur. La bande d’Oxford livre ici un disque total, qui n’est pas sans rappeler par sa complétude et ses explorations tous azimuts le parfait OK Computer de Radiohead. Comme quoi il faut toujours surveiller les albums produits par des quintets issus de la cité oxfordienne. J.D. (Transgressive Records) Spotify
HeCTA – The Diet
Kurt Wagner, le paisible maître d’œuvre de Lambchop, transmué en sorcier électro et docteur Frankeinstein techno ? C’est exactement ça, et contre toute attente la mue s’avère jubilatoire et presque naturelle. Autant hommage à la culture dance qu’au beat underground, le tout neuf DJ Wagner, épaulé des touche-à-tout Ryan Norris et Scott Martin officie au sein d’HeCTA une réjouissante messe du beat et du dancefloor, sensuelle et hypnotique, qui renvoie aux meilleurs exploits des spécialistes Moderat, Trentemøller ou Gold Panda. Surprenant et inclassable. F.R. (City Slang / PIAS) Spotify
Ibrahim Maalouf – Red & Black Light
Du jazz, pour changer un peu, avec le nouvel album d’Ibrahim Maalouf. Le trompettiste libanais mélange les genres et nourrit son jazz d’electro, de rock de soul, de funk, de musique orientale ou slave dans une farandole de titres aussi rythmés que variés parmi lesquels on retrouve une reprise de Beyoncé. Du jazz ouvert, puissant, enivrant et terriblement attractif pour un album qui s’annonce comme l’une des grandes réussites en matière de jazz moderne pour cet automne 2015. En parallèle, Ibrahim Maalouf sort un second album, en hommage à Oum Kalthoum, également très beau. B.R. Spotify
Requin Chagrin – Requin Chagrin
Bon donc… Requin Chagrin, c’est vachement bien. Gimmick simpliste pour nom étrange et attirant cachant la sacrée belle surprise de cette rentrée rock’n’rollienne francophone. Les derniers sortis de l’écurie La Souterraine/Objet Disque te servent un huit-titres racé et nerveux d’une pop-rock mâtinée eighties et sixties. Sons lointains, mélodies cristallines, linéaires et entêtantes. Tu penseras immanquablement aux Velvet et Jesus And Mary Chain (Rose, Alysson) et tu dandineras aux rythmes implacables et impeccables de Le Chagrin et Ciao Rubello. Très très distingué ! S.M. (La Souterraine) Bandcamp
The Chap – The Show Must Go
L’Europe est en berne mais du côté du rock tout va bien, merci. Avec The Chap, c’est bien un britannique, un grec, deux allemandes et une franco-anglaise qui cohabitent joyeusement dans une des entités les plus inventives et énergisantes du Vieux-Monde. Le dernier album ne déroge pas à la règle, se jouant de toutes les cases, faisant feu de tout bois, dans un cocktail plus rugueux que d’habitude, situation politique oblige. Les rockeurs de The Chap ont mangé du lion, mordant et puissant mais toujours aussi habile à faire le grand écart entre Pixies, Talking Heads, Deerhof et Can. D.Z. (Lo Recording / Differ-ant)
Richard Hawley – Hollow Meadows
Richard Hawley, l’Elvis du nord de l’Angleterre, autant Presley que Costello, revient avec un très beau disque de crooner, Hollow Meadows. Le natif de Sheffield, comme son pote Jarvis Cocker, se bonifie avec l’âge sans perdre de la beauté lumineuse de Late night final à presque 50 ans. Sa voix chaude, la douceur de ses mélodies simples et évidentes emportées par une northern soul incomparable tapent en plein coeur à chacun de ces onze morceaux de ce cousin des grands crooners britanniques que sont Elvis Costello et le sous-estimé Edwyn Collins. J.D. (Warner Music) Spotify
Nicolas Godin – Contrepoint
Nicolas Godin livre l’un des albums les plus singuliers et les plus excitants de cette rentrée 2015. Ayant, semble t-il, fait le tour de ce qu’il était possible de faire en compagnie de son compère JB Dunkel au sein de Air, Nicolas Godin s’inspire du travail de Glenn Gould sur « Les variations Goldberg » de Bach pour en tirer un album hors-norme et hors du temps, un travail de composition sans direction précise mais fourmillant d’idées. Pianiste et compositeur inspiré, Nicolas Godin n’en n’oublie pas pour autant ses marottes d’antan, multipliant tout au long du disque les clins d’œil et les références, à la musique de films (De Roubaix, Morricone, Lalo Schifrin, Wendy Carlos), à la bossa nova ou au jazz (Dave Brubeck). Romantique et érudit, Contrepoint constitue un début plus que remarquable dans la carrière solo de Nicolas Godin. B.R. (Because Music) Spotify
Redeye – The Memory Layers
Fermez les yeux…une voix de baryton au charisme naturel, des arrangements americana avec du violon, du piano, de l’orgue, des guitares qui enrobent des mélodies chatoyantes dans des atours boisés. Un nouveau The National bucolique ? un American Music Club apaisé ? un Bob Dylan jeune ? un Elliott Smith vivant ?…non, le dernier album de Redeye : soit Guillaume Fesneau, ex-Dahlia et accessoirement rennais. Réalisé par Matt Spence (Midlake) et mixé par Erik Wofford (Bill Callahan), The Memory Layers nous rappelle que le folk-rock d’ici peut avoir sacrément la classe. D.Z. (La Folie records / Microcultures) Bandcamp
Sean Nicholas Savage – Other Death
L’électron libre Sean Nicholas Savage continue de n’en faire qu’à sa tête et avouons qu’on a tout pour s’en réjouir. Drôle d’oiseau de la scène montréalaise, le grand échalas prolifique adepte du « do it yourself » livre sans doute avec Other Death un de ses albums les plus convaincants. Crooner alternatif entre kitsch vintage, sensualité smooth et groove indie, le faux sauvage se rêve en Smokey Robinson déviant, Blood Orange québécois ou Michael Jackson underground. Virée groovy accueillante aux couleurs bleu nuit à siroter jusqu’au petit matin. (Arbutus Records) F.R. spotify
Nils Frahm – Late Night Tales
Déjà quatorze ans que l’excellente série de compilations LateNightTales invite la crème des artistes actuels à plonger les oreilles de l’auditeur dans les trésors de leur discothèque privée et les influences de leur musique. Quand c’est le talentueux pianiste ambient Nils Frahm qui régale, l’exercice se transforme en fameux banquet. Où se croisent en une somptueuse mixtape jazz séminal, électronique expérimentale, dub techno, field recordings ou soul magnétique. Miles Davis, Boards Of Canada, Bibio ou Vladimir Horowitz s’y donnent la main avec évidence par-delà les années et les styles, éclairant les racines de l’art intimiste du jeune allemand. Et quand ce dernier y rajoute sa propre relecture ouatée du Silence de John Cage ou une compo originale méditative, c’est à une vraie nouvelle œuvre qu’on a affaire. Grand moment. F.R. Bandcamp
Aline – La vie électrique
Retour aux affaires de la bande du sud de la France, emmenée par Romain Guerret. Le second album d’Aline (tu sais le groupe qui boit et qui danse), a été enregistré à Bruxelles sous la houlette de Stephen Street dont la patte est ici immédiatement reconnaissable : le son des premiers Blur, c’est lui. Le groupe plonge une fois encore dans le son des années 80 à la française, et enrichit son son général pour un disque plus léché que le précédent essai et qui pourtant ne manque pas d’allant, piochant ses hits potentiels dans un spectre qui va des Smiths à Elmer Food Beat… si, si. D.V. (PIAS) Spotify
C Duncan – The Architect
Encore inconnu il y a quelques semaines, l’écossais C Duncan s’impose en douze morceaux comme un orfèvre génial de chansons pop et aériennes. Sur son premier album The Architect il construit une série de bijoux lumineux portés par des orchestrations royales et des harmonies angéliques. Si Brian Wilson devait se chercher un héritier en la matière, il y a fort à parier qu’il choisisse ce jeune compositeur originaire de Glasgow dont la pop enjoleuse n’a rien à envier à celle des Fleet Foxes ou de Grizzly Bear. Envoûtant et planant, le folk rêveur de The Architect, parfois teinté de touches new-wave, fera passer l’automne tout en douceur. J.D. (FatCat Records) Spotify