5612 après J.-C., Un virus hors-norme a infecté la Terre condamnant l’espèce humaine à une anémie très forte. Elle est désormais engagée dans une quête régulière de transfusions sanguines pour survivre.
La valeur par la rareté est une théorie bien connue en économie. Ainsi, plus un bien se raréfie plus il prend de la valeur et vice versa. Ceci est valable quelle que soit la ressource en question. Le principe a instauré les bases du commerce entre les différentes sociétés, mais aussi l’élaboration de nouveaux moyens pour obtenir ces richesses, obligeant les gouvernements à mettre en place des règles pour réguler les trafics.
Partant de cette hypothèse, Le cycle de Nibiru, s’ouvre sur La Loi du sang. Se projetant en 5612 après J.C., Izu nous immerge dans une saga de science-fiction où le sang est la préoccupation principale et la plus grande valeur de l’humanité. Indispensable suite à une infection généralisée de l’être humain, qui souffre désormais dès la naissance d’une anémie le condamnant à des transfusions sanguines hebdomadaires au risque d’expirer, il est devenu la source de toutes les appétences. Pour éviter les dérives liées au précieux liquide, l’Empire a décrété la Loi du sang qui garantit à l’ensemble des citoyens une répartition égalitaire. Chaque ressortissant doit payer une taxe pour en bénéficier et ceux qui se le procurent hors des cadres établis risquent la peine de mort. Face à ces règles strictes et contraignantes, une partie de la population résiste et vient grossir les rangs des adeptes du culte de Xibalda, opposants à l’Empire qui adhèrent à d’anciennes croyances, voyant comme seul espoir, pour contrecarrer les plans de la prophétique légende de Nibiru (planète dont la collision avec la terre a été annoncée), la collecte de sang pour en faire l’offrande à d’antiques dieux : les Seigneurs du Sang.
Au cœur de ces dissensions entre l’Empire et les dévots des Seigneurs du Sang, la jeune Alicia Ek, vouée à devenir reine de l’Empire, est obligée de fuir suite au coup d’État échafaudé par le gouverneur Vucub pourtant proche du pouvoir. Dans son exode, touchée par des pertes de connaissance, elle plonge dans des réminiscences qui pourraient contenir des réponses à l’avenir de l’humanité enfouies au plus profond de son esprit et faire vaciller son attachement politique.
L’ouvrage est graphiquement réussi, proposant au lecteur un univers riche et complet, servi par un trait fin, précis et dynamique, retranscrivant une ambiance lourde et lancée à cent à l’heure, laissant très peu de place au répit ! Entre monde post-apocalyptique, aventure, complot, menace cyclique, lutte des classes, etc., sans être révolutionnaire, l’histoire est ambitieuse. Sans doute un peu trop, souffrant par instant d’un manque de transition qui rend difficile le repérage dans l’espace et dans le temps. Pour autant, malgré l’usage de quelques poncifs, on se laisse rapidement embarquer dans ce récit haletant, rythmé, inventif et ponctué de flash-back, qui s’interroge sur les sociétés en situation de survie (distribution des ressources, protection des privilèges, soulèvements revendicatifs face aux inégalités, puissance des religions en période de flou, etc.). Quelles que soient les époques les luttes seraient-elles finalement les mêmes ?
Alors que, sur l’horloge de la fin des temps, les aiguilles s’apprêtent à boucler leur dernier tour de cadran, ce premier tome saura sûrement conquérir le palpitant de quelques aficionados parmi les inconditionnels du genre tel que Dune, Mad Max ou Waterworld.
Simon BAERT
Le cycle de Nibiru Tome 1 La loi du sang
Scénario : Izu
Dessin : Mathieu Moreau
Éditeur : Glénat
46 pages – 13,90 €
Date de sortie : 21 janvier 2015