A la suite d’un faux braquage qui a mal tourné, Tyler Cross est condamné à vingt ans de bagne. Avec ses miradors, ses chiens féroces, ses marais et son soleil de plomb, impossible de s’échapper d’Angola, la prison d’Etat de Louisiane. Tyler Cross, déjà visé par la mafia, devra déployer le maximum de ses ressources pour espérer s’évader de cet enfer.
Après un premier tome impeccable, c’est peu dire que cette suite était attendue avec impatience. Une fois encore, les auteurs utilisent les codes du film noir dans un scénario acéré comme une lame, sans temps morts. Certes, on a l’impression d’avoir vu ça mille fois au cinéma, mais il y a quelques arguments… à commencer par Tyler Cross lui-même, ce héros charismatique et ténébreux à qui il ne vaut mieux pas s’aviser d’en chercher, des crosses…
Fabien Nury prouve ainsi que le recours aux clichés n’est pas incompatible avec la qualité du scénario, néanmoins un peu moins prenant que pour le premier épisode. Mais ce qui retient surtout l’attention est une fois encore le graphisme unique et innovateur de Brüno, agrémenté d’un jeu d’ombres et de couleurs en a-plats magnifiques dans lequel harmonie et simplicité fusionnent à un point que c’en est jubilatoire. Une telle stylisation est assez inhabituelle pour ce type d’histoire, qui généralement est plus associée à un dessin d’un réalisme académique. Le tout, porté par un cadrage cinéma très punchy, a vraiment de la gueule !
La violence de certaines scènes est tenue à distance par l’esthétique propre à Brüno, un peu à la manière d’un Tarantino, aussi trash mais avec un humour moins marqué. A cet égard, je n’imaginais pas qu’une insignifiante petite cuillère pouvait constituer une arme aussi redoutable. Ce qui m’amène à la conclusion de cette chronique en forme de conseil : attention les yeux !
Laurent Proudhon
Tyler Cross t.2 : Angola
Scénario : Fabien Nury
Dessin : Brüno
Editeur : Dargaud
100 pages – 16,95 €
Parution : 28 août 2015