Entre furie et incantations sulfureuses, JC Satan déploie un mur du son qui emporte tout sur son passage, un rock aride au goût de chair et de sang qui ne devrait pas apaiser la colère des dieux.
A la vision de la pochette de leur quatrième album, on se dit que cette fois ci, le pacte avec le diable est définitivement scellé. Ces figures (trois triangles contenant des croix inversées) qui évoquent celles du Projet Blair Witch, ne laissent pas tellement de doute : ceux qui écouteront ce nouveau recueil de chansons rock y laisseront une part de leur âme. Ce Satan là, a plus à voir avec Lucifer, cet archange qui fût puni d’avoir voulu défier le Dieu tout puissant, tant il se sentait sûr de sa force et beau. Pas sûr pourtant que l’on réclame un exorcisme de si tôt pour nous délivrer de ces nouvelles chansons sulfureuses qui ont tout pour nous rendre addictifs.
Il faut dire qu’Arthur (déjà présent sur le projet Crane Angels) et Paula la turinoise, n’en sont pas à leur coup d’essai. Après Sick of Love en 2010, Hell Death Samba en 2011 puis enfin Faraway Land en 2012, JC Satan n’a jamais réellement dévié de sa route sinueuse, déjà balisée par d’illustres ancêtres tels que les Pixies ou encore Queen of The Stone Age, laissant peu de répit à son public conquis par leur rock garage rugueux et leurs déflagrations noisy pop. Et ce n’est pas Satan II, le titre d’ouverture de leur nouvel album, véritable tsunami sonique, qui changera la donne.
Mené tambour battant, l’album révèle un groupe qui déroule son savoir-faire de manière totalement décomplexée, enchaînant des hymnes garage (I could have died, Dialog with Mars) comme d’autres enfilent des perles, mécaniquement, comme habité par un esprit maléfique certes, mais aux dons indéniables. Satan, on y revient donc, qui finit par dévoiler son autre versant, celui de ses origines, celles d’un ange rebelle. Plus doux, plus charmeur, avec sa candeur mélodique, comme sur Waiting For You, qui marque la transition de l’album vers un univers plus pop, marqué par l’influence des Beatles.
Du duo I will kill you tonight au refrain imparable rappelant les heures glorieuses d’une Kim Deal à Ti Amo Dawero, une chanson d’amour déclamée en italien mais qui a du mal à cacher une agressivité qui gronde intérieurement, JC Satan joue avec les contrastes, le chaud et le froid, de façon presque sadique, ne laissant quasiment jamais ses auditeurs au repos. Et pourtant l’accalmie tant espérée vient avec l’envoûtant Ingrid, sur laquelle Paula, accompagnée de discrets choeurs féminins, distille déjà son doux venin qui vous atteint en plein cœur.
Inutile alors de résister, il est déjà trop tard, le désenvoûtement attendra. Le crépuscule d’un soir de brume pointe rapidement le bout de son nez, pour laisser place aux incantations du terrifiant The Greatest Man. L’obscurité a pris le dessus définitivement, emportant avec elle tout espoir de rédemption et faisant de nous, de nouveaux disciples, conquis et groggy devant une telle beauté animale qui restera à jamais impossible à apprivoiser.
Julien ADANS
JC Satan – S/T
Label: Born Bad Records
Sortie: 11 Septembre 2015