Dans leur vallée perdue, les Anciens, immenses tours d’argile dépositaires du savoir universel, se meurent. Afin de préserver ce trésor inestimable, ils décident de rejoindre la Montagne sacrée. Un périple dangereux, lors duquel ils croiseront la jeune princesse des Hommes-fourmis, Nefer, qui vient de s’échapper des griffes du Roi des Hommes pâles.
Dès les premières pages, on est captivé par cet univers merveilleux, quasi-onirique, qui nous ramène vers la nuit des temps, à une époque où la Terre n’était constituée que de deux continents, le Gondwana et la Laurasie. Certes le trait est plutôt académique et très sage, et les personnages un rien enfantins avec leurs gros yeux, mais ces sculptures modernes géantes se promenant au milieu de paysages antédiluviens confèrent à l’histoire une atmosphère à la fois irréelle et saisissante. De plus, la mise en couleur est soignée, avec un beau rendu au fusain, faisant que l’on peut rester des heures à contempler certaines planches.
On ne peut pas vraiment qualifier cela d’heroic fantasy, un genre qui a des codes bien à lui. Malgré les quelques similitudes, cette histoire apparaît plutôt comme un mélange de conte et d’aventure, avec pour cœur de cible les 8-15 ans.
Nefer ne manque pas de charme, même si le scénario a les défauts de ses qualités : à trop se vouloir original, et il l’est malgré une fin convenue, mais s’avère un peu alambiqué voire poussif, en particulier dans la seconde partie. De même, le côté fourre-tout mystico-biblique, avec ses emprunts discutables au chamanisme et aux légendes primitives, n’est pas sa qualité première. Cependant, les arguments du premier paragraphe peuvent justifier la lecture de ce conte, voire un achat pour les fêtes de fin d’année. Car incontestablement il y a du beau dans cette BD.
Laurent Proudhon
Nefer – Chants & contes des premières terres
Scénario & dessin : Arnaud Boutle
Editeur : Delcourt
Collection : Hors Collection
152 pages – 23,95 €
Parution : 16 septembre 2015