On avait laissé Aline voler avec les hirondelles, après avoir bu et dansé toute la nuit. Les sudistes reviennent cette rentrée avec le casse gueule exercice du second album. Ce savant dosage à trouver entre l’histoire suivante du groupe et le genre musical dans lequel le groupe a fait ses armes ou remporté ses premières batailles.
Et à l’exercice Aline s’en sort plutôt bien, rompons ici le suspense. Si tant est qu’on aime déjà Aline, puisque c’est indéniable, le groupe ne vient pas ici en quête d’une autre version de fans.
Aline remet le couvert dans le genre pop française mâtinée de son eigthies qui l’a fait connaître. Plus riche plus ample, – mais pas boursouflé risque qui guette souvent les groupes forts d’un premier album acclamé-, Aline reste concentré dans un univers qu’il connaît et maîtrise. Un peu trop diront les grincheux. « J’entends ceux qui manifestent, mais j’entends aussi ceux qui ne » se « manifestent pas« , comme dirait l’autre.
Pour ce second essai Aline est parti enregistrer à Bruxelles, terre d’accueil des enregistrements français, en compagnie de l’anglais Stephen Street, producteur arrangeur, à qui on doit entre autres le son des premiers et du dernier Blur. Et à dire vrai, ça s’entend. Le bonhomme est connu pour respecter religieusement et magnifier les pistes qui lui passent sous l’ordinateur, et c’est très naturellement que les instruments (dont la voix, j’y reviens) s’organisent dans le mix, avec une clarté notoire, et un son pourtant très naturel. Très live, mais en propre.
On croit même reconnaître la signature de l’anglais dans le nettoyage du son des guitares saturées et dans le choix des outils musicaux pour les arrangements (l’Albarnien mélodica par exemple). Le nouvel Aline est limpide comme de l’eau de roche. Comme toujours avec Stephen Street, la voix est traitée comme un instrument à part entière, jamais recouverte ou planquée sous le tapis des guitares de la batterie qu’il ne manque pas de monter dans le mixage final pour donner du corps à l’ouvrage.
Est-ce un corollaire de ce traitement du son, mais du coup, Romain Guerret change de mode de voix. Au chant un peu aigu, un peu fausset, du premier album, succède une nouvelle formule. Le leader de la formation chante moins aigu. Guerret force moins sur sa voix et donne du coup un côté largement plus naturel au chant. On navigue globalement plus du côté des Smiths que du côté d‘Indochine ( que j’évoquais au premier album) pour faire de l’analogie à l’emporte-pièce.
Et ce nouvel album d’Aline alors, produit par Stephen Street et chanté plus grave, il est comment? En première écoute, il ne surprend pas. Et on en est presque triste. Pas de surprise goguenarde a la « je bois et puis je danse« . Pas de buzz, pas de blagues. Pffff c’est nul?
Le nouvel essai est plus intime du côté des ses thématiques, on parle en mode plus grave, dans tous les sens du terme. Aline évoque des amours qui se terminent, des sentiments, des filles laides. Souvent j’ai songé à ces deux hirondelles du premier album. Un discours parfois plus poétique, ou ironiquement plus terre à terre , construit comme une chanson française avec le son de la pop à l’anglaise et un style de couture façon eigthies . Aline pousse même le « jeu » jusqu’à mélanger l’hommage au pop rock façon « song2 » de Blur, preuve de l’enrichissement du son d’Aline, et des paroles un peu nigaudes comme « je bois et puis je danse » qui a fait connaître le groupe. Le résultat est une étrange track presque punk, mais à la Elmer Food Beat -seuls les vieux connaissent encore- preuve que le groupe semble plus sérieux, mais n’a pas perdu un soupçon d’humour.
Denis Verloes
Tracklist
Label : PIAS
Date de sortie: 28 août 2015
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Il y a une paire d’année j’ai eu la chance d’interviewer Aline pour le compte de TV5MONDE