Figure incontournable de la scène musicale rennaise, Dominic Sonic est de retour avec un sixième album puissant et hyper léché.
Le temps file sur le perfecto de Dominic Sonic comme l’eau sur les plumes du canard. Le Rennais est un peu Le Portrait De Dorian Gray du rock français… un repère, un compère, un père allons-y pour certains. Tu peux l’oublier au grenier, jamais il ne prendra la poussière !
Premier superbe album, Cold Tears, en 1989.
Il n’est pas compulsif. Vanités #6 n’est, comme son nom l’indique, que son sixième opus en vingt-cinq ans. Dominic Sonic ne cavale pas derrière la notoriété ou la gloire mais, j’imagine, après une espèce d’idéal rock, de vision musicale… peut-être même qu’il dort avec son cuir.
Je lui ai envoyé ce petit questionnaire :
3 albums ?
Fun House (The Stooges)
Fire Of Love (Gun Club)
Standed (The Saints)
3 Films ?
Apocalypse Now (Francis Ford Copolla)
Le Cave Se Rebiffe (Gilles Grangier)
Un Après-Midi De Chien (Sidney Lumet)
3 Livres ?
Notre Dame Des Fleurs (Jean Genet)
Le Joueur (Fiodor Dostoïevski)
Lac (Jean Echenoz)
Ces neuf réponses en disent long sur le bonhomme : bonne grosse charpente bien bruyante et métallique pour un intérieur sensible, cultivé, intelligent, curieux et ouvert.
Si tu lui demandes de se décrire vite fait, il répond : « Dominic Sonic (1964-2064) auteur compositeur interprète de rock. » Sobre, humble, clair… et si j’en juge par sa future longévité : Dorian Gray. Je ne m’étais pas trompé (sur ce plan-là, je dis juste attention au retour de bâton… je connais la fin du bouquin d’Oscar Wilde).
Pour en revenir à Vanités #6
Voici onze morceaux puissants, tous bien fichus et hyper léchés.
Dominic ne s’appelle Satrianic ou Claptonic, il s’appelle Sonic. Il n’est pas là pour nous montrer ô combien il joue parfaitement de la guitare. Son idée est plutôt d’utiliser au mieux son instrument de prédilection et de le mettre au service de ses chansons, de sa voix nasale et gouailleuse. Il maîtrise complètement les arrangements, les ambiances et les effets… les poses et les solos beaucoup moins et c’est tant mieux. Vanités #6 flirte gentiment avec l’indus (Miracles), le folk mid-tempo un peu western (Fred), le blues crasseux (géniale reprise du Gun Called Justice des Lords Of The New Church), le rock pur et dur (J’En Fais Des Longueurs et son final hallucinant de tonnerre), la pop pshyché british très loopée à la Clinic (Fake Book… ma préférée je crois), californienne (Song One) ou encore le garage (No Prisonner). L’album se termine par une très jolie ballade qui semble avoir été bien tristement ajoutée sur le gâteau (Lettre A).
Malgré cet impressionnant panel, Vanités #6 se tient parfaitement droit dans ses bottes, homogène grâce à une patte reconnaissable entre toutes et une belle production. Dominic Sonic n’est pas pressé, il avance à son rythme, livre le boulot quand il a atteint ce qu’il voulait atteindre… sa conception du truc parfait. En ça, pour l’ouverture de son style, pour sa voix et pour son côté touche à tout (producteur et même acteur), je le comparerais bien à Neil Young !
C’est pas classe ça… être à la fois Dorian Gray et Neil Young !
Il faudra probablement encore attendre quelques années avant le prochain album, alors délectons nous de ce Vanités #6, de son très beau visuel et, connaissant l’amour de la scène du Monsieur (autant en formation lourde qu’en acoustique solitaire), de la tournée qui va le mettre en avant.
(Merci à lui d’avoir répondu à ma petite sollicitation !)
Stéphane Monnot
Dominic Sonic – Vanités #6
Label : H.Y.P
Sortie : 16 octobre 2015
(crédit de la photo d’illustration : Laurent Guizard)