125ème édition des chroniques express avec au menu, et servi sur un plateau les nouveaux albums de Boogarins, Los Porcos, Mr Bios, Fuzz, Gwilym Gold, Tommy Guerrero, Dogbowl, DET90, Wand, Bony King, Aucan, Nicole Willis et Bersarin Quartett.
Boogarins – Manual
Other Music/PIAS – nov. 2015
Los Porcos – Porco Mio
Ils ne sont pas espagnols, ni portugais, ni même mexicains, mais bien mancuniens. Et quoi de mieux qu’une musique chaude et entrainante pour oublier la grisaille de la ville qui a vu naître New Order et retrouver les ambiances chaudes de l’Hacienda. Formé sur les cendres à peine tièdes des pénibles WU LYF, 3 anciens membres : le batteur Joe Manning, le bassiste Tom McClung et le guitariste Evans Kati remettent le couvert et fondent Los Porcos. Leur musique très colorée, et tout de suite très accrocheuse, mélange pop easy-listening, disco, funk dans des titres aux refrains légers et printaniers… totalement à l’opposé de ce que les garçons pouvaient faire au sein de WU LYF. [4.0] Benoit Richard
Craki Records – nov. 2015
Mr Bios – Color Slide EP
On ne le répétera jamais assez, mais Chez.Kito.Kat est certainement un des meilleurs labels français, de par son sens du défrichage et de l’ouverture d’esprit. Il le confirme une nouvelle fois, avec la sortie du nouvel EP Color Slide de Mr Bios qui offre une petite pépite de musique house electronica dubby, fortement influencée par les sonorités allemandes de la fin des années 90, de Basic Channel en passant par Pole, Maurizio, Monolake, Vladislav Delay… regorgeant de rythmiques lumineuses et de reverb dansante, de touches jazzy et de soubresauts millimétrés, de textures soyeuses et de minimal majestueuse, semblant héritées d’une ethnie mystérieuse oubliée. Tout en finesse, Mr Bios a su injecter dans sa musique, des mélodies aux mouvements fluides et à la chaleur abrasive, faite de d’impulsions dancefloor et de montées tripantes. Un disque à la classe folle qui prend aux tripes et électrise de par sa maitrise, nous collant un sourire béat sur le visage. Il y a bien longtemps que l’on n’avait plus entendu un disque du genre, mené avec une telle souveraineté. [4.0] Rolan Torres
Chez.Kito.Kat – nov. 2015 – bandcamp
Fuzz -II
In The Red/Modulor – novembre 2015
Gwilym Gold – A Paradise
Si l’album de Tropics se démarquait pour sa subtilité et son côté habité, avec des arrangements jazz qui venaient apporter un joli relief ses compositions gracieuses, ici, c’est plutôt le piano qui vient souligner la finesse du travail de Gwilym Gold. Avec ses mélodies chargées en émotion, sa pochette dépouillée à l’extrême, ses sonorités électroniques, ses beats légers, ses arrangements de cordes et de piano discrets, l’album revoie immanquablement à d’autres grands mélancoliques de ces dernières décennies que sont par exemple James Blake, Thom Yorke, Antony Hegarty, Jay-Jay Johanson, voire même le vieux Robert Wyatt pour les ressemblances dans certaines intonations de voix. Toutes ses références, aussi écrasantes soient-elle, ne doivent pas minorer le talent de ce garçon mais doivent bien au contraire mettre en avant la beauté de ce grand petit disque à la sophistication discrète, dont il ne faudra surtout pas vous priver si vous êtes d’humeur mélancolique. [4.0] Benoit Richard
Brille records – septembre 2015
Tommy Guerrero – Perpetual
Tommy Guerrero fait aujourd’hui figure de vieux de la vieille sur la scène musicale de San Francisco. Artiste multi-cartes (skater, designer de vêtements..), le bonhomme est aussi à l’aise sur des projets abstract hip hop que dans sur des albums ambient-guitar à consonance jazz blues. Malgré les années, le bonhomme continue de sortir des choses passionnantes à un rythme régulier sans pour autant donner l’impression de s’essouffler. Sur ce Perpetual, il se met en mode minimal, à la cool, pépère, avec guitare, bass, boites à rythmes et claviers discrets, dans style aux relents jazzy cosy tout à fait délicieux… un peu comme s’il avait composé la bande son imaginaire d’une balade nocturne sur les routes Californiennes. Superbe.[4.0] Benoit Richard
Grand Palais/Modulor – octobre 2015
Dogbowl – Zone Of Blue
Ancien du groupe King Missile dans les années 90, Stephen Tunney fait aujourd’hui partie de Dogbowl. Avec la sortie de Zone of Blue l’occasion nous est donnée de redécouvrir ce talent de la scène indie-rock américaine qui n’avait rien sorti depuis 10 ans. Malgré ce laps de temps, très long quand il s’agit de musique, Dogbowl revient avec de sérieux arguments, suffisamment en tout cas pour s’intéresser de très prêt à cet album. Avec une voix de crooner un peu usée, des refrains qui claquent, une production assez sèche comme sur un vieux de disques des Stones et aussi avec pas mal d’humour, notre ami Stephen Tunney et ses musiciens régalent avec cette suite de chansons un peu vieillottes, un peu décalées, mais plus charmantes les unes que les autres et qui en plus ont le mérite de se bonifier au fil des écoutes. [4.0] Benoit Richard
62TV records – octobre 2015
DET90 – 4 5 20 90
D’abord beatmaker au sein du duo Synthesis, Michael Galetto décide ensuite de se produire sous le pseudo de Det90 afin de laisser libre cours à son amour pour les musiques techno house acid des années 90. Après plusieurs EP auto édités, il livre enfin en 2015 son premier album pour le label Chez Kito Kat. Dans un style est très classique, avec des sons qui nous feront faire immédiatement un bond 15 ans dans le passé, cette release se révèle pertinente à bien des égards. Au son si caractéristique des boites à rythmes Roland TR-808 et TR-909, le luxembourgeois construit des morceaux terriblement accrocheurs dans la droite lignée des productions du label Underground Resistance ou de celles des précurseurs de la scène de Detroit. Une jolie réussite pour un album qui sonne comme le témoignage d’un amour pour un style de musique nettement plus rare aujourd’hui. [4.0] Benoit Richard
Chez Kito Kat – novembre 2015 – Bandcamp
Wand – 1000 Days
Drag City/Modulor – septembre 2015
De l’americana en veux-tu en voilà avec Wild Flowers, 4ème album du belge Bony King. Si son nom d’origine The Bony King of Nowhere renvoie à un vieux titre de Radiohead (sur l’album Hail To The Thief), c’est plutôt du côté de Neil Young, Bob Dylan ou Leonard Cohen mais aussi du côté des grands espaces nord américains qu’il faudra aller chercher les véritables influences de Bram Vanparys. D’apparence assez classique, sa musique n’en est pas moins très attachante. Il se dégage de ses ballades aux accents country folk enregistrées dans la banlieue de Los Angeles en compagnie du producteur Ryan Freeland, une atmosphère tout à fait délicieuse, pleine de nostalgie et de sons de slide-guitar, qui rappellera volontiers les disques de Ray Lamontagne ou de Ron Sexsmith. [3.0] Benoit Richard
PIAS – novembre 2015
Aucan – Stelle fisse
On ne peut pas dire le contraire, Aucan ne fait pas du surplace et n’a cure de fait sans cesse évoluer sa musique. Post-rock à guitares au début, les Italiens avaient opté pour Black Rainbow pour une musique plus largement inspirée par Massive Attack et Prodigy. Avec Stelle Fisse, Aucan pénètre encore plus à fond dans un monde électronique en livrant un album à la fois cosmique et dansant. Une vraie inclinaison pour le soundsystem, les beats technos et la culture club ; même si pour cette dernière, les Italiens en proposent la version grand luxe (celle que l’on appelle IDM). On peut être parfois réservé sur le choix des vocaux autotunées mais largement séduit par les boucles hypnotiques et les ambiances sombres dont raffole le groupe. La production grand train permet de séduire les derniers réticents. [3.5] Denis Zorgniotti
Kowloon record / Differ-ant – Novembre 2015 Soundcloud
Nicole Willis – Happiness in Every Style
Timmion Records/Differ-ent – octobre 2015
Bersarin Quartett III
Depuis ses débuts en 2008, Thomas Brücker, tête pensante de Bersarin Quartett, défie les lois de la gravité à coups de cordes en suspension et de machines charnelles, cherchant à colmater la fuite du temps vers un espace à la mélancolie cinématographique prête à s’engouffrer dans un trou noir, où classical et électronique disposent les pièces d’un puzzle à la subtilité gorgée de sensations et d’émotions à fleur de peau. Les notes de pianos au format pointilliste, lèguent leur aura sur des tapis de machines moelleuses à la rondeur enveloppante, trouvant entre les couches la place qui leur convient. Tout, ici, est savamment pensé, orchestré, disposé, comblant les vides à coups de réverbérations brûlantes et de nappes aux montées ambient. Si Bersarin Quartett n’est pas sans évoquer Ben Lukas Boysen et Cinematic Orchestra, il est aussi le point qui relie l’abstraction à une réalité enfouie dans des songes construits autour de matière grise et de métal en fusion. III touche chacun de nos sens de par sa pureté et son minimalisme envoûtants, ouvrant les plaies de la mémoire pour y déverser son flot de frissons en mouvement. Vital. [4.0] Rolan Torres
Denovali – novembre 2015