L’année 2015 a confirmé la bonne santé de la chanson française du côté des indés. Qu’elle soit pop, électro, rock, elle s’est déclinée dans bien des formes avec de très belles réussites à la clé.
Voici donc une sélection (non-exhaustive) de ce que l’on a entendu de plus beau et de plus fort dans la langue de Ferré et Ferrat en 2015.
Pain-Noir – Pain-Noir
Le précédent projet de François-Régis Croisier, St. Augustine, était déjà très bien. Mais là, en choisissant de passer au français sous le nom de Pain-Noir, sa musique a évolué et s’est bonifiée. S’orientant country-folk, elle a pris d’un seul coup une autre dimension, mettant plus que jamais en valeur la qualité de l’écriture et la beauté des textes de ce garçon doué. (Tomboy Lab)
Mansfield.TYA – Corpo Inferno
Avec Corpo Inferno, les deux nantaises ont sorti leur meilleur album et sans doute l’un des meilleurs de l’année tous genres confondus. Car question originalité, on n’a pas fait mieux en 2015. Un disque d’abord un peu déstabilisant mais qui finit par devenir indispensable pour la force et l’étrangeté de ses textes mais aussi par l’intensité de ses musiques. Un sans faute en 14 titres. (Vicious Circle)
Bastien Lallemant – La maison haute
Avec son timbre de voix et ses ambiances qui rappellent le Gainsbourg des années 60/70, Bastien Lallemant nous ouvre grand les portes de sa maison, à la campagne, et dans laquelle le soleil entre timidement. Le lieu est chaleureux, on y est bien. Ses voisins pourraient être Bertrand Belin, Mathieu Boogaerts, Albin de la Simone ou Pain Noir. Un condensé de chansons simples et sophistiquées à la fois. Indispensable ! (Zamora Productions & Les Heures du Jour)
Aurélien Merle – Remerle
Le Saule fait partie de ces petits labels à très forte identité. Parmi ses belles sorties de l’année, on retiendra avant tout cet album d’Aurélien Merle. Héritier direct des Fontaine, Areski, et Pierre Barouh, le bourguignon nous enchante avec ses folk-songs bucoliques, avec sa poésie, son univers campagnard dans lequel il fait bon se perdre. Un vrai disque bio. (Le Saule)
Benjamin Schoos – Beau futur
Le seul belge de la sélection, mais comme il chante la pop en français comme personne, il a toute sa place ici. Producteur, responsable du label Freaksville, Benjamin Schoos est aussi un compositeur arrangeur hors-pair dont le style renvoie directement aux années 70/80 ou encore à celui du français Bertrand Burgalat, auquel on l’associe souvent. (Freaksville Music)
Nicolas Comment – Rose planète
Chanteur, photographe, poète romantique, Nicolas Comment poursuit une carrière discographique aussi discrète qu’irréprochable. Son dernier album est un modèle de pop orchestrée à l’ancienne, digne du grand Gainsbourg des années 70. Un disque superbe et envoutant. (Kwaidan records)
Alexandre Delano – Eau
Lâchant pour un temps son Delano Orchestra, Alexandre Delano propose un premier album solo aux sonorités folk lumineuses, aux textes intimistes et aux mélodies fragiles. Une petite merveille qui nous vient encore une fois d’Auvergne. (Kütu records)
Dominique A – Eléor
Après Vers les lueurs très orienté rock, Eléor marque un retour à des compositions plus classiques, plus douces aussi, confirmant plus que jamais la place de numéro 1 qu’occupe Dominique A parmi les rares auteurs/composteurs capables de rassembler fans de pop indé et amateurs lambda de chanson. (Cinq7/Wagram)
Orso Jesenska – Effacer la mer
Après Un courage inutile, premier album marqué par l’influence de Dominique A, Orso Jesenska s’affranchit tout doucement de son modèle sans pour autant renier son ascendance et signe là un album très ambitieux et d’une grande richesse tant dans la musique que dans les textes. Un disque et un garçon précieux. (3h50)
Flavien Berger – Léviathan
La surprise de l’année ! Flavien Berger, celui que l’on n’attendait pas forcément en si bonne place est venu bousculer la chanson en 2015, redéfinissant son approche, la faisant avancer à coups d’expérimentations électroniques, de textes absurdes et poétiques à la fois, déclamés sur un ton étrange et détaché. Le fils de Sébastien Tellier est bien né et il a du talent ! (Pan European Recordings)
Camille Benâtre – Nos rendez-vous manqués
La Souterraine est un puits sans fond de découvertes en matière de chanteurs talentueux en attente (ou pas) de reconnaissance. Camille Benâtre en fait partie. A l’écoute de sa Mostla tape, on a immédiatement vibré pour la fragilité, la douceur, la mélancolie qui se dégage de ses chansons. Vite la suite, cher Camille ! (La Souterraine)
O Be Sides – Mostla Tape
On l’avait découvert avec Ohm part.1 & 2 début 2015. On retrouve en cette fin d’année 2015 Olivier Marguerit, toujours sous le nom de O, avec une Mostla Tape en forme de confirmation. La preuve que ce garçon à la voix fragile est bourré de talent et que sa pop a du caractère. (La Souterraine)
Orwell – Exposition universelle
Orwell rechante en français ! Le groupe nancéien nous revient après 4 ans d’absence avec 13 chansons parfaites, baignées d’une douce lumière et arrangées avec un soin incomparable. Une perle de french pop à la fois moderne et classique. Du velours ! (Europop 2000)
Baden Baden – Mille Eclairs
Après un premier album en anglais déjà remarqué il y a deux ans, le trio Baden Baden nous a sorti tout début 2015 ce Mille Eclairs brillant, avec des mélodies et de refrains somptueux dans des chansons rappelant la fragilité et la sensibilité des premiers Florent Marchet. La french pop à son meilleur. (Starlite records)
Julien Sagot – Valse 333
L’OVNI de cette sélection (avec le Flavien Berger) ! Avec sa voix cassée et son accent un peu étrange, le canadien Julien Sagot dégage une sacrée personnalité sur cet album. Héritier de Bashung ou d’Arthur H, Julien Sagot offre un album pop-rock brut et racé, anguleux et mystérieux, à la beauté sauvage, et qui renferme quelques unes des plus belles chansons en langue française de ce cru 2015. (Ici d’ailleurs)
Juste derrière : Les Innocents, Gisèle Pape, Baptiste W. Hamon , Jean Elliot Senior, Dodi El Sherbini, Laure Briard, Jarvis Platini, Joseph d’Anvers, Robi, Requin Chagrin, Rémi Parson.