Les anglophiles de Sixty-Eight reviennent avec un second album qui a toujours le chic pour être élégant et dansant.
The Beatles chantait Revolution, Sixty-Eight débute son deuxième album (après The Story of Jack Moses Boyd) avec un One Man révolution qui assène son refrain fédérateur dans un grand geste volontaire. Le titre est symptomatique de l’art qu’à Sixty-Eight à composer sa musique : direct au premier abord – comme un bon single efficace – mais complexifiant rapidement ses intentions et la structure de ces morceaux à coups de pont, de rupture de ton ou de variations mélodiques. Avec toujours cette volonté de re-harmoniser son morceau, de ré-injecter une dose de mélodie, la marotte du groupe. En l’occurrence, ici cela sera par un soin particulier apporté aux choeurs, proches des Beach Boys. Sixty-Eight ne fait jamais dans la simplicité et la facilité et profite d’une production béton et d’un mastering de Dominique Blanc-Francard. La référence aux Beatles est incontournable, y compris dans sa période psychédélique (Trigon of Bermuda), mais les arrangements proposés par les Français s’inscrivent plus dans des années 80 modernisées (avec électronique discret aux entournures) que dans des années 60 vintage. Comme l’annonce le titre, le groupe français est bel et bien l’architecte d’une machine à remonter le temps mais dans ce va et vient permanent entre hier et aujourd’hui, tout est toujours utiliser avec goût et en bonne intelligence.
Il faut dire que Sixty-Eight a la chic attitude, n’ayant pas peur de mettre un peu de paillettes disco et d’esquisser un petit pas de danse (l’estival Monkeys on TV). Mais même dans ces moments « mainstream », ces Fab Four gardent toujours une classe folle, la même ou presque qu’un Bryan Ferry – avec ou sans Roxy Music – ou de feu David Bowie. Il faut dire que la voix d’Al Simon (ah ! le pseudo !) peut rivaliser avec celles de ces Anglais, maitrisant la circonvolution mélodique avec aisance (Architect of time machine). Avec eux, un riff accrocheur peut devenir en un instant une rythmique funky (Yato), tel un chat Sixty-Eight retombe toujours sur ces pattes. Et on ne sera pas étonné de trouver un petit côté Tom Tom Club à In Da Bunker, mélangeant minimalisme dansant et raffinement mélodique. Et oui, on ne se refait pas : Sixty-Eight ne peut s’empêcher de tirer à quatre épingles chacune de ses chansons. Qu’ils en soient remerciés.
Denis Zorgniotti
Sixty-Eight – Architect of the time machine
Label : Autoproduit
Date de sortie : novembre 2015