Pour patienter en attendant le second volume de sa série Le Sentier des astres, l’auteur belge Stefan Platteau propose un court roman, Dévoreur, dans le même univers, construit comme un conte envoûtant où les astres dévorent les hommes de l’intérieur.
Dans l’univers de la fantasy, les sorties ne manquent pas. Mais les bonnes séries qui vous emportent dans un univers à la fois enivrant et crédible sont bien plus rares. Celle du Sentier des astres de Stefan Platteau, qui a publié un premier tome chez l’éditeur Les Moutons électriques, Manesh, fait partie de cette catégorie enviable. Aussi, même s’il ne s’intègre pas directement dans la suite de ce premier roman, mais bien dans le même univers, Dévoreur ravira les initiés ou séduira les nouveaux lecteurs grâce à son ton unique et surtout le talent de conteur de Stefan Platteau.
Dévoreur fait partie de ces livres qui se dévorent en une nuit, au coin de la cheminée, voire en le lisant à voix haute. Dans ce roman qui se déroule dans les Monts de Soufre, Vidal, un modeste éleveur d’âne se retrouve manipuler par un astre maléfique qui va le transformer à jamais sous les yeux impuissants de son amie Aube qui ne peut qu’attendre le retour de son mari, le magicien Peyr Romo pour tenter de sauver leur ami grâce à ses pouvoirs.
Comme dans les grands mythes, que l’historien Stefan Platteau connaît sur le bout des doigts, on assiste à la chute d’un homme, jadis paisible, qui va sombrer dans la monstruosité. Ce court roman propose aussi une vision très héroïc fantasy d’un personnage classique des contes : l’ogre. Sauf qu’ici, en plus de manger les enfants, l’ogre est lui même dévoré par l’astre qui le consume. Quant au héros Peyr Romo, il doit lui aussi faire face à son propre dilemme. Car pour sauver sa vie et celle de ses enfants, il devra peut-être faire le choix de sacrifier son ami.
Un peu le célèbre anneau de Tolkien, le mal qui ronge Vidal est à la fois repoussant, par les actes qu’il le pousse à commettre, et fascinant par les pouvoirs qu’il lui octroie. S’il devient bel et bien un ogre, Vidal parvient en effet également à acquérir une puissance et une emprise qu’il n’aurait jamais penser posséder. Il transcende ainsi sa condition d’homme pour devenir une légende, même si celle-ci est bien sombre.
Dévoreur donne ainsi de quoi patienter jusqu’à la suite du Sentier des astres, attendue cette année. Rien que pour l’objet, magnifiquement illustré par Melchior Ascaride pour la couverture et les décorations intérieures, ce bref roman vaut d’être parcouru.
Julien DAMIEN
Dévoreur
Roman de Stefan Platteau
Les Moutons électriques
135 pages – 19 €
Parution : 1er octobre 2015