Bantam Lyons c’est du rock, tout pop dans le principe, instrumentalisé, produit, travaillé, mélodique, nuageux, inspiré… très inspiré…
Au-delà de sa chouette sonorité exotique genre comptoir des Indes… qu’est-ce qui peut pousser un groupe à prendre pour nom celui d’un semi-débile au cul bordé de nouilles issu du bestiaire joycien ? La volonté d’en découdre sérieusement, de se raccrocher à une branche littéraire, romantique, sophistiquée de cet arbre finalement assez rugueux, binaire et basique qu’est le rock’n’roll ou celle plus humble de s’attacher symboliquement à un personnage secondaire peu glorieux… je n’en sais fichtre rien mais, de manière intuitive, trouve ce choix judicieux.
Je ne vais pas me lancer dans une comparaison appliquée de ce cinq-titres des Bantam Lyons et d’un des livres les plus importants du vingtième siècle… quoiqu’en dise Paolo Coelho. Malgré tout, retiens que les morceaux de ces quatre jeunes gens sont très alambiqués – homériques, shakespeariens… allons-y, qu’ils clignent de l’œil dans tous les sens pour dire bonjour à leurs mentors, qu’ils sont grandiloquents sans être arrogants, et qu’ils sont très beaux. Rien que pour ça j’aurais pu.
Il s’agit de rock, tout pop dans le principe, instrumentalisé, produit, travaillé, mélodique, nuageux, inspiré… très inspiré… dans le sens « j’ai vu des choses que toi tu n’as pas vues mon pote, attends je vais te raconter » et ça fonctionne du tonnerre. Il est presque déstabilisant de constater qu’un groupe puisse envoyer un truc pareil dès ses premiers maxi(s).
C’est français mais ça sonne anglais. Paradoxalement, ça fait beaucoup penser aux jeunes années d’Interpol… qui eux-mêmes sonnaient drôlement anglais pour des américains.
Dans tous les cas, que nous ayons ou non affaire à la première formation joycienne de l’histoire du rock français, les Bantam Lyons, s’ils restent sur cette ligne conductrice sans franchir le Rubicon du too much symphonique – je pense en particulier à cette très très belle voix qui pourrait vite en faire des caisses, s’ils parviennent à dompter, canaliser leurs très grosses capacités pour les maintenir au service de cette putain de quête du Graal artistique, sont promis à un bel avenir.
Zéro réserve, tu peux foncer tête baissée !
Stéphane Monnot