Difficile d’évoquer cette saison 2 de The Leftovers tellement belle et forte qu’elle peut se passer de critique. Qu’on adore ou qu’on déteste, ces Leftovers ne laissent pas indifférent et invitent à une vraie expérience sensorielle et sentimentale.
Il est des chroniques plus faciles et évidentes à rédiger que d’autres. Notamment au rayon des séries, qu’elles nous plaisent ou pas, en donner un avis clair et tranché n’est pas complexe. C’est donc une vraie difficulté aujourd’hui d’évoquer l’indescriptible sentiment que procure ce deuxième volet de la série imaginée par le créateur de Lost Damon Lindelof : rarement une série n’aura été aussi loin dans l’indicible, la grâce, le Beau. Et rarement, donc, une série n’aura été aussi difficile à commenter, expliquer.
La suite semble donc superfétatoire et inutile, mais lançons-nous quand même : la série reprend le thème initié dans La saison 1 de « The Leftovers » soit « l’après » de personnes qui ont perdu un de leurs proches durant un fameux jour, le Departure Day, où 2 % de la population mondiale s’est soudainement évaporée. Mais alors que la saison précédente, un peu ennuyeuse, posait les jalons du deuil et de la rage de ces « leftovers » (« ceux qui restent » pour la traduction), c’est ici ceux de la vie, de la croyance, de la résistance ou du vide qui ressortent de manière brillante. On oublie (presque) ceux qui sont partis, la société essaie de repartir en croisade pour la (sur)vie, avec notamment la fuite vers Jarden, à Miracle Park, lieu où personne n’a été porté disparu et où tout le monde souhaite vivre ou y vient en pèlerinage. Au cas où. Et là, de part et d’autre des frontières de ce territoire, on prie, on exorcise, on se bat, on pleure, on assiste à des miracles. Ou on disparaît à nouveau…
La saison se décortique en moments (pratiquement un personnage par épisode) ce qui donne une force émotionnelle puissante mais aussi ce sentiment de puzzle sensoriel qui fascine mais qui déconcerte souvent. Et pourtant, au fur et à mesure des épisodes graduellement magnifiques, l’évidence s’impose : la série est magistrale et unique. Elle contient tellement de scènes vibrantes et émotionnellement fortes, tellement de thèmes importants brassés d’intelligente manière, tellement de tout qu’on en ressort à chaque fois dévasté et secoué. Et enfin la magie opère, si l’on veut bien laisser sa rationalité de côté : The Leftovers est universel. Comme l’avait été Six Feet Under à son époque : une série incroyable, qui dépasse ce que l’on avait auparavant vu à la télévision. Et probablement déjà un classique, mais un classique tordu, à savourer patiemment pour en découvrir toutes les facettes. Et je n’en ai pas encore fait le tour, je pense.
Ces Leftovers volent désormais très loin et très haut. Décollez.
Jean-françois Lahorgue
The Leftovers – saison 2
10 épisodes de 55 minutes
Série créée pa Damon Lindelof et Tom Perrott
Diffusion US : HBO en juillet 2015
Diffusion France : OSC City en octobre 2015