Après avoir participé à un colloque sur le thème « Art, sexe et littérature », Dominique Fernandez et Arthur Dreyfus décident d’entretenir une correspondance pour répondre à l’épineuse question : un écrivain aujourd’hui doit-il tout écrire ?
En partant du postulat suivant : les sociétés occidentales d’aujourd’hui offre une liberté de mœurs indéniable ; cela oblige t-il les écrivains à dévoiler leur sexualité ou celle de leurs personnages (dans le cadre d’une fiction), dans un devoir de « vérité », Arthur Dreyfus jeune écrivain remarqué pour son Histoire de ma sexualité (2014), et l’académicien Dominique Fernandez, décident d’échanger et d’étayer leur avis sur la question, à travers une correspondance épistolaire de quelques mois.
Un moyen semble-t-il très efficace pour rebondir sur de nouveaux champs d’investigation…
Première remarque : à l’heure d’internet et des mails, le concept de « courrier » et d’échange de lettres, parait marquer une volonté de s’extraire de la technologie informatique standardisée et inhumaine et semble être un pied de nez à la virtualité… Est-ce de bon augure ?
Et pourtant, il est beaucoup question de virtualité dans la vie de Dreyfus, qui y a recours et qui est accro pour multiplier les rencontres.
Mais revenons au début : les deux écrivains appartiennent à des générations différentes (presque 60 ans les séparent) et sont donc amenés à confronter leur parcours quant à l’affirmation de leur orientation sexuelle, à savoir l’homosexualité et la bisexualité. Bien souvent, des digressions très éloignées de notre sujet vont parasiter les argumentaires qui nous entrainent de l’Antiquité jusqu’à à nos jours, ouvrant sur des analyses pointues de l’œuvre de Georges Bataille, de Duvert, de Guibert ou encore Genet… (chacun des deux écrivains ayant ces propres auteurs fétiches).
Au final on y parle de tout (le sexe, c’est si réducteur) sans apporter vraiment une réponse précise à la question de départ, mais en faisant preuve d’une très grande érudition.
On aura compris que nous sommes entre écrivains, pas foncièrement abordables, et que souvent l’usage du dictionnaire s’impose !
Dommage, car le sujet aurait pu donner lieu à un ouvrage passionnant.
Hugues DEMEUSY
Correspondance indiscrète
Dominique Fernandez, Arthur Dreyfus
Éditeur : Grasset
297 pages – 19 euros
Date de parution : le 17 février 2016