Un Beirut + deux The national = LNZNDRF : soit la formule gagnante pour un album tendu, hypnotique qui mélange psyché, progressive et krautrock. On adore !
Prends la base rythmique de The National, les frangins Bryan et Scott Devendorf, et un des cuivres de Beirut, mercenaire chez Sufjan Stevens et The National, j’ai nommé Ben Lanz, enferme ce petit monde dans une vieille église pendant deux jours, laisse mijoter… ça te donne LNZNDRF (prononce Lanzendorf).
Sur le papier déjà, c’est hyper alléchant.
Le disque est à l’image de sa belle pochette : lunaire et toxique. Je dis toxique dans le sens où ce qui se cuisine ici tient beaucoup moins du pot-au-feu des familles bien convivial que de la décoction de champignons mexicains. Et non d’une purée hallucinogène, c’est drôlement bien ! En hauts et bas, psyché, hypnotique, lourd, tout en boucle et très beau. LNZNDRF, c’est un peu le nom d’un nouvel acide, hyper clean puisque sans molécules de merde, redescente et grincements de dents.
Leur musique est paradoxalement très fraiche, spontanée et pop (Kind Things). Tu sens bien que les trois musiciens ont envie d’en découdre, de sortir des clous, d’expérimenter sans peur du qu’en dira-t-on (Stars And Time), de s’amuser comme des gosses avec leur tremolo de guitare à genou devant la pédale à tourner les potards de fréquences dans tous les sens (Hypno-Skate). La section basse-batterie de The National est clairement identifiable sur deux ou trois titres (Beneath The Black Sea) comme pour te dire de ne pas t’inquiéter, te donner des repères et mieux pouvoir t’égarer derrière.
LNZNDRF est le très chouette projet, mi-chanté, mi-instrumental, bizarrement crépusculaire et lumineux, très particulier, de gars qui ont envie de s’éclater et peut-être de se prouver qu’ils vivent. Ça sonne existentiel et philosophique, soyons dingue ! Vois pour exemple, le morceau final, Samarra : presque industriel, à te remuer les cheveux et le cerveau dans tous les sens. Tu en ressors bousculé, espérant une suite mais te disant qu’elle y perdrait en souffle vital mais espérant quand même tellement c’est bon mais mais mais…
C’est étrange et plein d’espoir tout ça… je trouve.
Stéphane Monnot
LNZNDRF – LNZNDRF
Label : 4AD/Pias
Sortie : 19 février 2016