Sur le mode de la confession intime, Mathieu Lindon parle avec jubilation de ces grandes choses et de ces petits riens qu’il a oublié…. d’oublier. Un régal !
Pour paraphraser (en toute humilité) le Je me souviens de Perec, publié à la fin des années 70, Mathieu Lindon travaille depuis plusieurs années sur un manuscrit où il pourrait nommer toutes ces choses dont il n’est pas fier et ainsi, s’en « débarrasser » symboliquement…
Il doit être aujourd’hui beaucoup plus « léger »… Et par la même occasion, il écrit un livre drôle, intelligent, impertinent… qui ravit ! Aucune chronologie dans ses souvenirs oubliés, qu’il extirpe de son enfance ou d’expériences beaucoup plus récentes, aucun thèmes fédérateurs… mais des petits morceaux de mémoire, qui ressurgissent, qu’il les convoque ou pas, quand il s’agit de traumatismes plus profonds…
Lindon a pris le parti de rire de tout et surtout de ce qui est triste. Tout au moins, il nous livre une réflexion souvent drôle, qui peut emprunter parfois les limites de l’absurde, comme s’il voulait dédramatiser ce qui pourrait être grave.
Ce qui aurait pu être au final un objet impudique, exhibitionniste, se révèle un bijou ciselé mais plutôt de pacotille, de ceux qui n’affichent pas le compte en banque de leur possesseur, mais bien le goût inné pour la légèreté, l’intelligence pétillante et l’élégance de leur auteur.
Mais je vous rassure, ces choses dont parle Mathieu Lindon sont de nature à encombrer la mémoire de chacun d’entre nous, donc pas de voyeurisme ici, mais un partage salvateur et euphorique !
Si ce n’est pas le livre majeur de Mathieu Lindon, c’est un de ceux que l’on lira avec le plus de plaisir…
Hugues DEMEUSY
Je ne me souviens plus
Mathieu Lindon
Editeru : P.O.L.
157 pages – 14,90 euros
Date de parution : mars 2016