Survivre à un accident de la route, qui s’en plaindrait ? Et pourtant, lorsque l’on traîne la mort derrière soi, le miracle peut vite se transformer en calvaire !
On peut être survivant d’un grave accident et pourtant y avoir succombé. Les séquelles psychologiques laissent parfois des traces plus profondes que les blessures physiques. C’est la triste expérience que fera Max dans le premier opus de Seul Survivant : Atlanta-Miami réalisé par Christophe Martinolli, Thomas Martinetti et Jorge Miguel.
Alors qu’il vit une parfaite idylle avec sa compagne Alice, leur excursion en Alabama va virer au cauchemar. La route de l’autocar, dans lequel ils sont en compagnie d’autres touristes, se retrouve encombrée par un chauffard saoul aux commandes d’une voiture tout terrain arrivant à contresens. Pour éviter l’impact, le conducteur du bus donne un coup de volant qui envoie son véhicule et tous ses occupants hors macadam s’encastrer dans un arbre contre lequel il s’embrasera. Max, qui a été éjecté, sera le seul à s’en sortir quasiment indemne, témoin de la disparition par les flammes de tous les autres. Le coupable de cet accident s’en ira libre au terme d’un procès aboutissant sur un vice de procédure.
Un an s’est écoulé. Max ne s’est toujours pas remis de l’événement tragique, gardant sur le front une étrange cicatrice comme stigmate de son passé. Devenu très instable psychologiquement, flirtant dangereusement entre la dépression et la colère, il est invité par ses amis à Miami pour lui changer les idées. Alors que Sam, Jennifer, Olivier, Sarah et Max attendent leur avion à l’aéroport d’Atlanta, la tension est déjà palpable. Elle ne cessera de monter en intensité jusqu’à la fin de cette histoire catastrophe, première d’une série-concept construite en trois tomes.
Le scénario est rythmé par la névrose psychotique du personnage central torturé par un traumatisme qui le rend incontrôlable. Le cadre où se déroule l’action ajoute au côté angoissant. La plus grande partie de l’aventure évolue en huit clos, dans un zinc en plein vol et pris dans une tempête. Si l’on ne sait pas quand, on sent que le récit va déraper, d’autant que des situations explosives se greffent à la trame principale : un retard d’embarquement causé par d’obscures raisons techniques, le transport d’un prisonnier dangereux par un seul policier, suite à un souci de santé du second, ou encore la déclaration inattendue du pilote de l’appareil. Du titre à l’image de couverture, jusqu’à l’ambiance dès les premières pages, les auteurs nous annoncent que ça finira mal. Ils allument des mèches sans nous dire d’où partira l’étincelle qui entraînera une réaction en chaîne bien regrettable !
Côté dessin, Jorge Miguel nous propose un trait réaliste et plutôt académique qui, sans être exceptionnel, ajoute à la sensation d’oppression de l’intrigue tant nous sommes graphiquement proches de la réalité.
Le lecteur achèvera ce livre hanté de questions. Pourtant, il faudra attendre la suite pour obtenir l’ensemble des réponses.
Peut-être aurait-il été mieux que, ce jour-là, sur la route, il n’y ait eu aucun rescapé…
Simon BAERT
Seul survivant Tome 1 : Atlanta-Miami
Scénario : Christophe Martinolli et Thomas Martinetti
Dessin : Jorge Miguel
Éditeur : Les Humanoïdes Associés
56 pages – 14 € 20
Date de sortie : 16 mars 2016