Après avoir consacré son précédent ouvrage à sa mère, (La maternité en 2014), Mathieu Simonet nous parle de son père et explore la relation complexe qu’il a entretenue avec lui.
Parce que son père est un écrivain « raté », Mathieu Simonet écrit ici un récit bouleversant, où il poursuit ce père étranger, avec qui il doit faire la paix.
Celui-ci est l’anti héros, névrotique, fragile, sur qui se cristallisent toutes les tares. N’est-il pas suspecté d’avoir violé son fils lors de son enfance ?
Mathieu Simonet interroge les pans fragiles de sa construction identitaire, et voyage sur les pas de son père.
Entre enquête, souvenirs, traumatismes, légendes… Simonet cherche a déterminer ce qui l’attache à ce père vulnérable, qui lui-même, est une victime et entretient tant de névroses dans son quotidien. Les sentiments de ce dernier pour son fils sont exacerbés et fluctuants. Il a l’affect en dents de scie, le paternel.
Mais il cultive une ambition qui sera aussi un échec profond : un manuscrit jamais publié dont il fera cadeau à son fils.
Un cadeau empoisonné mais déterminant (un héritage ?), puisque ce dernier tentera d’apprivoiser l’écriture de son père, de décrypter le sens de ces phrases hallucinées, de ces élucubrations étranges, et surtout, son père lui transmettra le désir d’écrire à son tour, et d’aller jusqu’au bout, quitte à se dépasser…
Mathieu Simonet parviendra à rompre ce cordon ombilical invisible, à adopter l’ogre à la barbe rose, à aimer ce père, tout simplement…
Un cri d’amour magnifique !
Hugues DEMEUSY
Barbe rose
Mathieu Simonet
Le seuil
190 pages – 16 euros
Date de parution : 3 mars 2016