Issue d’une courant que seul son auteur connaît, la musique de Boyarin surprend, enchante et ne pourra laisser indifférent celui qui y prêtera une oreille attentive.
Si cet album a mis un peu de temps avant d’arriver et de pouvoir bénéficier d’une sortie digne de ce nom, ce n’est pas faute d’idées ni de talent. Car de ces deux ingrédients il y en a à profusion dans ce premier album du français Bastien Boyarin.
Dans un genre assez atypique, presque atemporel, ce multi-instrumentiste marseillais déploie ici une certaine inventivité pour faire vivre ses compositions, ses miniatures pop composées et jouées avec guitare et ordinateur, orchestrées avec goût et finesse… un peu comme si Neil Hannon et Plaid avaient formé un super groupe dont les morceaux auraient été arrangées par Ennio Morricone et joués sous la direction de Danny Elfman.
A la manière d’un Brian Wilson 2.0, Boyarin, redonne ainsi des couleurs à la pop, en redéfinit certains contours en lui donnant par moment des allures de muzak, de pop baroque bizarroïde, comme une musique à la fois lo-fi et ludique, simple et complexe, très lumineuse, toujours légère et tourbillonnante. Une musique qui ne tient pas en place et qui, au fil des écoutes, renverra peut-être les plus anciens à de lointains souvenirs de télé en noir et blanc, à de vieux génériques d’émissions de l’ORTF, à une époque où les habilleurs sonores s’appelaient Jean-Jacques Perrey et Francis Lai. Pour les plus jeunes, le son de Boyarin évoquera peut-être des choses beaucoup plus modernes, des ambiances qui auraient plus à voir, par exemple, avec des génériques de séries télé.
Bref, il y a plein de possibilités pour entrer dans l’univers de Boyarin, dans cette musique sans âge, très libre, qui ne ressemble à aucun autre et dont on demande comment elle va bien pouvoir évoluer par la suite.
Benoit RICHARD