Un conte où l’on croise Superman et Captain Marvel. Mais dont le vrai super-héros s’appelle Tommy, 13 ans. Quand un intrépide garçonnet sauve son quotidien de la morosité de la guerre.
Est-ce parce que le monde des grands semble de plus en plus fou que les auteurs se sentent obligés de se tourner vers les enfants ? Il y a peu, Olivier Bourdeaut enflammait les librairies avec son insipide En attendant Bojangles. Ici, Jérôme Attal utilise la voix de l’enfance mais, allez savoir pourquoi, cela fonctionne bien mieux. Peut-être parce qu’Attal a une plume et une verve qui changent la donne. Lui, le parolier de Vanessa Paradis ou Eddy Mitchell. Allez savoir encore pourquoi, lui, n’enflamme pas les chiffres de vente de son éditeur. Parce qu’il raconte la guerre ? Peut-être ! Il semblerait que la folie de la guerre se vend moins bien que la folie tout court. Pourtant, il souffle un vent de fraîcheur sur ses Jonquilles de Green Park. Ne passez pas votre chemin !
Jérôme Attal plonge son lecteur en septembre 1940. Le jeune Tommy vit, avec ses parents et sa sœur Jenny, les premiers bombardements allemands qui touchent leur ville de Londres. L’auteur place ses protagonistes en pleine guerre mais, malgré tout, son livre arrive à rester léger. Le conflit n’est que le théâtre d’un quotidien finalement assez banal d’un garçon d’une dizaine d’années. Tommy ferraille avec des petites frappes du voisinage. Avec ses copains, il se passionne pour les super-héros des comics. Et surtout, Tommy regarde la petite Mila avec les yeux de l’amour. Son seul but ? Revoir ensemble en avril les jonquilles de Green Park.
Le parolier Jérôme Attal dit qu’ « un roman, comme une chanson, c’est une capsule spatio-temporelle dans laquelle on a envie de plonger ». Et l’écrivain a réussi son coup. On plonge avec délice dans cette histoire. À la fois roman d’apprentissage – comment la guerre force Tommy à devenir grand un peu plus vite qu’il ne l’aurait voulu – et conte philosophique et merveilleux peuplé de personnages hors du temps comme ce lord Papoum. Les Jonquilles de Green Park raconte les événements de 1940 comme on les lit rarement. Une guerre qui s’instille dans la routine du quotidien mais qui n’empêche pas la vie. Une vie où les super-héros s’appellent Tommy, Mila, lord Papoum… Parce que les petites résistances défont les grandes guerres.
Delphine Blanchard
Les Jonquilles de Green Park
Jérôme Attal
Éditeur : Robert Laffont
216 pages, 17,50 €
Date de parution : mars 2016