Le duo de cinéastes Ducastel et Martineau revient avec un film coup de poing sur la rencontre de deux garçons dans un sex-club parisien, puis sur la naissance de leur amour, filmé en temps réel.
Olivier Ducastel et Jacques Martineau ont enchanté notre paysage cinématographique, depuis le milieu des années 90, en abordant des thèmes toujours dérangeants, en se renouvelant à chaque fois et en explorant des formes très diverses, de la comédie musicale au film en super 8. Jeanne et le Garçon formidable, Crustacés et Coquillages, Ma vraie vie à Rouen... pour ne citer que quelques uns de leurs films. Et puis plus rien depuis 2010.
Ils sont de retour aujourd’hui sur nos écrans avec ce film fort, emprunt de poésie, de romantisme, mais ancré de plein pied dans le réel.
Pas d’acteurs confirmés pour emmener cette intrigue osée, mais un casting qui met en lumière deux jeunes premiers merveilleux, intenses, incroyablement charmants… des jeunes gens ordinaires mais parés par les réalisateurs d’une aura extraordinaire !
François Nambot et Geoffrey Couet portent cette belle aventure sur leurs épaules.
Le choix de filmer l’intrigue en temps réel s’est imposé aux metteurs en scène pour conférer de la véracité au propos du film : plus qu’une contrainte, c’est un espace de liberté qui donne des ailes aux acteurs qui réalisent quelques scènes où la magie et la grâce se rejoignent.
Si les dialogues sont riches de sens, ils sont parfois légers, à la limite du cul-cul… mais toujours vrais… on ne dit pas forcément des choses passionnantes quand on est amoureux !
Trois grands chapitres se dessinent : la rencontre dans le sex-club où une scénographie audacieuse mène à la rencontre évidente de Théo et Hugo. Parce que c’est Théo, parce que c’est Hugo. L’écueil du film pornographique est magnifiquement évité par la scénarisation de cette plongée dans la sexualité animale que transcende la réunion des deux garçons que les corps anonymes célèbrent.
Après l’euphorie de la découverte, on atterrit brutalement dans le concret et le tragique : l’un des deux garçons est séropo et ils ont baisé sans capote ! Direction le service d’urgence d’un hôpital proche pour la prise en charge dans le cadre du traitement d’urgence. Et là, dans cette scène qui aurait pu être abrupte et rébarbative, la magie de la complicité et de la bienveillance qui réunit déjà les deux garçons fonctionne. On ne remerciera jamais assez Ducastel et Martineau pour cet aspect pédagogique de leur travail, qui dédramatise la situation mais renforce l’urgence et la gravité de la prise de risques.
Enfin, le troisième volet plus léger donne libre cours à une balade dans un Paris nocturne, désert, poétique… et l’union entre les deux personnages se cristallise, sans fausse note et sans mensonge !
Réalisé avec peu de moyens et une équipe technique resserrée, le film est emmené par une mise en scène efficace : on suit au plus près les deux protagonistes dans une chorégraphie enchanteresse…
Théo et Hugo dans le même bateau prend le parti d’être volontiers ancré dans un monde dont l’ouverture aux autres, aux différences, aux dialogues sont un réflexe salvateur !
Hugues DEMEUSY
Théo et Hugo dans le même bateau
Film français réalisé par : Olivier Ducastel et Jacques Martineau
Avec Geoffrey Couet et Pascal Nambot
Genre : Drame
Durée : 1h37 min
Sortie : le 27 avril 2016