Une histoire d’amitié qui raconte les déboires d’une génération de trentenaires. Entre liberté, insouciance et gravité.
C’est l’histoire de deux amies. L’une est inquiète et introvertie. L’autre est joyeuse et souriante. Confirmant le fameux adage selon lequel les opposés s’attireraient. On suit ces deux-là de leur plus tendre enfance jusqu’à ce jour où tout va basculer… Il y a les premières bêtises, les premiers gros mots, les premières déceptions, les premières confrontations à la vilenie du monde. Mais à deux, tout est plus simple. Ensemble, elles se rassurent, traversent la vie avec moins de peur. Puis vient l’adolescence. Les premiers regards échangés. Les premiers baisers. Il y a Alexis et Nico. Roméo et Oscar. Il y a les bouteilles de bière qui jonchent les tables.
Et puis il y a Gabin et Gabriel. Gabin emporte le cœur de l’une. Gabriel le corps de l’autre. Les places de l’une et l’autre se redistribuent. Elles ne seront plus jamais tout à fait un duo. Il va falloir s’y faire… Bientôt la vie de bande va apparaître. Laissant la province pour « monter à Paris ». Les cafés en terrasse. Les fins d’après-midi au bar. Les soirées qui se prolongent. La bande qui apprivoise la Ville lumière. Le retour à Tours le week-end. Un petit manque des autres pour mieux se retrouver dès le lundi soir. À Tours, la vie est plus lente. Les pensées plus calmes. La douceur des parents. Le retour en enfance pendant quelques heures. Puis un jour, ce fameux jour noir…
« Depuis ce jour, j’ai la sensation nette et étrange qu’une vie est sauvée chaque fois qu’il s’agit de me vendre un volet électrique ou une nouvelle chaudière ».
C’est véritablement dans cette deuxième partie que le roman se fait plus intense L’écriture de Camille Anseaume, toujours drôle et alerte, est plus profonde, pertinente et sensible. Les fils se dénouent. Les faits se rejouent. L’horreur fait place à la consternation puis à la douleur. Le style de l’auteure prend de l’épaisseur. Les deux amies se retrouvent. Toujours un peu à part dans cette bande. Leur relation aura toujours été privilégiée. Ici, elles se révèlent à elles-mêmes. Camille Anseaume raconte le parcours de ses héroïnes avec fougue et écrit les déboires de sa génération avec tact.
Ce roman très actuel sonne juste. Cette bande de potes aurait pu se retrouver sur une terrasse de café le 13 novembre 2015. C’est un autre drame qui est venu les toucher. Mais c’est le même parcours d’une génération de trentenaires qui oscille entre liberté, insouciance et gravité.
Delphine Blanchard
Ta façon d’être au monde
Camille Anseaume
Éditeur : Kero
234 pages, 17,90 €
Date de parution : janvier 2016