De l’amour et des calculs rénaux, des apprentis vétérinaires et de la chair fraîche, un nanar que personne n’a vu et un poète exil, c’était le programme du dimanche 15 mai 2016 au Festival de Cannes.
Le moment clé à Cannes, c’est la séance de presse de 8h30, celle où les journalistes du monde entier se retrouvent pour voir le film du jour en compétition, celui dont on va parler abondamment dans les médias durant les heures qui suivent. C’est un ballet étonnant auquel on assiste et auquel participe d’ailleurs volontiers, où l’on voit arriver, d’un pas pressé, des centaines d’hommes et de femmes, montant 4 à 4 les fameuses marches pour aller sa caler dans les 2300 fauteuils du Grand Théâtre Lumière.
La montée des marches à Cannes… à 8h30 le matin
Ce dimanche matin, plutôt que d’aller à la messe, nous avons donc suivi le cortège qui mène au Palais des Festivals afin d’assister à la projection de Mal des Pierres, le nouveau film de Nicole Garcia. Autant vous dire que je n’en attendais pas grand-chose. Du coup ma déception a été moindre au sortir de la salle où bon nombre de journalistes ont pris un malin plaisir à casser ce mélo un peu plat, un peu mièvre, très académique et donc pas du tout dans l’esprit cannois. Sûr que le film sera réévalué à sa sortie en octobre.
On passera très vite sur l’horrible film australien de Ian Pringle, Legend Maker, mal joué, mal filmé, sans aucune mise en scène, pour évoquer Grave, l’un des rares films d’horreur présentés à Cannes cette année.
Visible à La Semaine de la critique, le film met en scène une étudiante en école de vétérinaires qui va devenir complètement accro à la viande au point d’être carrément attirée par la chair humaine. Un premier film osé et dérangeant pour la réalisatrice Julia Ducournau qui traite ici des dérives du bizutage (ou comment avaler un rein de lapin cru pour être accepté des autres), mais aussi de notre rapport à la viande, à la chair, au corps en général. Un film étonnant, par moment assez maladroit, mais en tout cas une vraie curiosité qui a remué l’estomac des festivaliers. Un film que l’on retrouvera sans doute à l’affiche du prochain Festival du film fantastique de Gérardmer !
On terminera cette journée sur une notre de raffinement avec le Neruda de Pablo Larrain présenté à la Quinzaine des réalisateurs. Pour son 5e film, le cinéaste chilien s’intéresse à l’exil forcé du poète communiste Pablo Neruda, fuyant la dictature González Videla. Loin du biopic traditionnel, l’histoire de cette fuite est racontée par la voix de celui qui le traque, un policer chilien incarné par Gael Garcia Bernal. Dans ce mélange de drame, de comédie poétique et policière, un peu à la manière de Wes Anderson, Larrain signe un film par moment un peu long, mais d’une élégance folle, sans effet, avec un scenario dans lequel on gardera le meilleur pour la fin avec une séquence aux allures de western surréaliste assez sublime.
Palmomètre 2016
Café Society
Rester Vertical
Money Monster
Victoria
Album de famille
Ma Loute
Moi, Daniel Blake
Exil
L’économie du Couple
Folles de joie
Train To Busan
Toni Erdmann
Mal des pierres
Legend Maker
Grave
Neruda