Vis ma vie de trentenaire en galère… De boulot. De copine. D’appart. Bienvenue dans le monde désenchanté de Romain Monnery. So 2016 !
“L’âge adulte, c’est ce club à la mode où tout le monde arrive à rentrer sauf toi”… Je vous présente Romain Monnery et ses petites phrases bien senties. Romain… Trentenaire. Parisien. Vit en colocation. Vient de trouver un poste de rédacteur dans un magazine people après plusieurs mois de chômage. Se demande pourquoi sa jolie colocataire ne sort qu’avec d’horribles spécimens masculins. Se demande si métro-boulot-dodo est vraiment une vie pour lui. Se demande pourquoi on ne peut pas passer ses journées à manger des chips dans le canapé en regardant des séries télévisées. Romain se pose des questions. Trop de questions. Faussement débonnaire, c’est en fait… un existentialiste !
Sous ces airs de jeune homme attardé, Romain Monnery – ou son personnage autofictif – est le parfait archétype de notre société. Déboussolé. Esseulé. Le mâle trentenaire a du mal à trouver sa place dans la jungle urbaine de 2016. Avec les filles, il faut être gentil mais aussi un peu bad boy. Au boulot, il faut être volontaire et plein d’initiatives, mais attention à ne pas faire de l’ombre à ses collègues. En famille, il faut être tolérant… alors qu’il y a parfois des baffes qui se perdent ! Non ? Romain Monnery capte avec acuité les problèmes des héros modernes. Tiraillés qu’ils sont entre plaisir et devoir. Entre liberté et vie toute tracée.
C’est drôle et incisif. Un seul regret : les personnages secondaires, alias Le Mérou et La Fille cool, sont trop fades. Les développer aurait donné un peu plus d’épaisseur au personnage principal très – voire trop – autocentré. Si ce n’est que cela, Romain Monnery nous fait bien rire. Son protagoniste est attachant. Et beaucoup plus intelligent que la première image ne pouvait le laisser paraître. Ce récit, sous forme de journal intime, est à la fois léger et lourd de sens. L’identification au personnage marche à tous les coups. Nous avons tous déjà été (un peu, beaucoup, passionnément…) ce procrastinateur ou nous l’avons côtoyé. Ce mec paresseux mais avec qui on se sent bien. Ce bon copain, toujours prêt à aller boire des coups. Ce garçon en compagnie duquel on se sent un peu moins nulle parce que, lui, les galères, il les cumule ! Un type charmant en somme. Qui ne le sait pas. Et c’est bien cela qui fait tout son charme. Qui croit son existence superflue. Mais, sans lui, tout foutrait le camp…
Delphine Blanchard
Un jeune homme superflu
Romain Monnery
Éditeur : Au Diable Vauvert
384 pages, 17 €
Date de parution : février 2016