Entre conte fantastique et histoire horrifique, Freakshow va vous entraîner dans le monde infernal d’une fête foraine maudite. Une seule solution pour survivre : courir !
La fête foraine et ses monstres atypiques ont longtemps constitué un musée des curiosités, attirant une foule de voyeurs assoiffés d’incongru.
C’est dans ce cadre pittoresque, et quelque peu démodé à l’heure de l’information instantanée, que Sébastien Chevriot a planté son Freakshow. On y retrouve tous les personnages propres à cet univers : de Monsieur Loyal à la diseuse de bonne aventure, en passant par le clown, la sirène, l’avaleur de sabres, les sœurs siamoises, le nain, le géant…
Deux enfants déambulent entre les stands du Freakshow, un parc d’attractions de prime abord des plus banals. Pourtant, rapidement les regards se font froids et insistants. L’atmosphère devient pesante et la méfiance s’installe. Il règne une ambiance glauque, celle qui domine l’envers des décors de cirques et autres spectacles ambulants : animaux affamés, maltraités, misère des membres de la troupe, histoires familiales compliquées, désocialisation, etc. Conviés par une bohémienne à consulter sa boule de cristal, les deux protagonistes commencent à comprendre que d’étranges événements se trament. La vieille femme, perturbée par ce qu’elle a perçu, reste vague sur leur destinée, leur donne un médaillon et les invite à sortir. Une fois à l’extérieur, une course éreintante débute. Ils tentent d’échapper à une horde d’âmes zombifiées aux ordres de Monsieur Loyal et finissent par rejoindre les rangs de ceux qui luttent comme ils le peuvent contre le mal affreux qui affecte les lieux. C’est par le nombre qu’ils augmenteront leurs chances de survie. Malheureusement, plus l’histoire avance, plus le groupe de résistants se réduit, ses membres ralliant inexorablement le côté des morts vivants. Face à ces revenants qui les traquent, alors que se déroule le fil de l’intrigue, ceux que l’on ne voyait qu’en tant que monstres de foire gagnent en humanité !
Dans un récit sous tension, l’auteur nous tient en haleine jusqu’au dénouement. Il distille judicieusement des références aux mythes de l’effroi : Les Contes de la crypte, Chair de poule ou encore Freaks. Références que l’on retrouve aussi dans l’iconographie d’épouvante, telles que l’incontournable clown tueur. Si le scénario est suffocant, le dessin noir et blanc, sobre et très sombre saisit tout autant le lecteur.
Sébastien Chevriot nous livre ici une version atypique du conte horrifique en reprenant les codes qui ont fait son succès.
Simon BAERT
Freakshow
Scénario : Sébastien Chevriot
Dessin : Sébastien Chevriot
Éditeur : Scutella éditions
112 pages – 20 €
Date de sortie : 30 janvier 2016