Récit d’une soirée mémorable durant laquelle la légende du country-folk-rock, Neil Young, a assuré un show de 3 heures en compagnie de ses jeunes musiciens.
Neil Young. 70 berges. Papy rock entouré d’une bande de jeunots, les Promise of The Real. 4000 personnes dans la Halle Tony Garnier à Lyon.
Le groupe est à l’heure annoncé « 20h50 », ils commencent à… 20h50 pétantes. La scénographie est un peu bizarre au départ avec deux personnes qui balancent du maïs sur scène mais c’est surtout un grand moment.
Neil Young débarque sur scène. Je trouve qu’il a un peu pris. Il démarre le concert par une première partie acoustique, à la guitare-voix ou au piano, toujours avec l’harmonica dans un coin de la bouche. Il va étaler nombre de ses chef-d’œuvre, et c’est là qu’on se rend compte qu’il en a beaucoup. Excusez du peu : After The Gold Rush, Heart Of Gold, Comes A Time, The Needle And The Damage Done). Il reprend ensuite Mother Nature à l’harmonium (sublime) avant de faire monter le groupe sur scène.
La deuxième partie folk-rock s’enclenche avec le groupe. Il démarre avec Out On The Weekend (bim !), et déroule tranquillement… même si ça tourne un peu à vide.
Vient ensuite le moment de sortir la première guitare électrique. Le vieux canadien se chauffe, balance quelques titres parfaits (bordel, Alabama, quelle version avec un public qui chante à tue-tête), les jeunes autour de lui montent en pression
Quatrième partie : changement de guitare électrique et là, on change de dimension. Les morceaux se font plus longs, Neil Young et ses jeunes étirent les chansons… L’enchainement Words / Revolution Blues est LE moment du concert ! Ça improvise du solo, Neil Young joue avec ses cordes et prend un pied de dingue.
Ensuite, vient la chanson/le passage sur Monsanto. Si musicalement ça tient la route et envoie, disons-le, du steack, le texte me laisse assez circonspect, je n’arrive pas à savoir si c’est vraiment bon ou ridicule.
Le concert a démarré depuis 2h30, et on n’en a pas fini car la petite troupe continue son bonhomme de chemin, rallonge jusqu’à plus soif ses morceaux, se lancent dans quelques passages noisy et au bord de l’expérimental. Une partie un peu trop long pour moi à ce moment du concert, avec un Neil Young qui fait ce qu’il veut, et le fait bien, pendant que le groupe autour de lui, le suit au doigt et à l’œil, sans qu’il n’y ait jamais un faux pas.
Au bout de 3h de concert, le groupe sort de scène, et vu la durée, on pense que le concert va s’arrêter là, zapper le rappel et sortir sous les vivas, mais non, ils reviennent jouer Cortez The Killer, 15 minutes de plus. Apothéose finale, Neil Young donne tout, et toujours courbé en deux à triturer sa gratte.
Fin du concert, au bout de 3h15 de show. Fin du déluge au dehors. Le groupe se prend bras dessus bras dessous, salue le public (très bas la deuxième fois, j’ai bien cru que notre papy ne remonterait pas), Neil balance un « Vive la France », et le public se barre, exténué mais heureux.
La première partie acoustique où il est seul au piano ou à la guitare m’a impressionné, aussi bien par l’interprétation que par l’enchainement de ces chansons toutes sublimes. Mais la partie électrique était vraiment à tomber. Le type est là, entouré de jeunots très talentueux, pas du tout dans l’esbroufe, et prend un pied incroyable à jouer avec eux… et l’inverse est évidemment vrai. Le tout à 70 piges !
Mais au-delà du plaisir que prend Neil Young, au-delà des chansons sublimes qui n’ont pas pris une ride, au-delà de l’intransigeance du bonhomme, au-delà de ces improvisations à la guitare qu’il gère à merveille, et il était très inspiré hier, le plus fou dans tout ça reste quand même… sa voix. C’est totalement impensable et sûrement unique sur la scène rock actuelle : sur le début du concert, j’avais l’impression d’entendre le Neil Young d’Harvest. Sa voix n’a pas bougé d’un iota, elle est restée la même. C’est vraiment fascinant.
Pour conclure : un set-list de dingo, Neil Young aux anges, un super groupe autour de lui, de la chanson sublime en pagaille et des riffs t’en-veux-t’en-as. Le seul bémol de la soirée est de ne pas avoir eu Cowgirl in the Sand (voire A Man Needs a Maid). Mais honnêtement, on ne va pas mégoter.
Olivier Combes
Bien dit, tout cela, merci. Vraiment heureux d’en avoir été. Une très belle session de musique. Un grand bonhomme sur sa route singulière traversant des paysages arides, aux couleurs changeantes et sublimes. Neil travaille les harmoniques de ses guitares comme un peintre au couteau, caressant les ondes avec respect et inspiration. Étonnant Neil, Jeune parmi les jeunes avec des riffs qui tournent comme un calumet. Les premières notes de « Cortez » ont simplement résonné comme une preuve d’immortalité, et nous voulons en être.