Sans rien révolutionner au genre qu’il a lui même contribué à façonner, Pantha du Prince signe un album un brin monotone mais ponctué de douces mélodies et de grooves aériens.
Pour ceux qui ne le connaitraient pas encore, Pantha du Prince est considéré comme une des figures de proue du phénomène minimal techno, surgi au début des années 2000.
De son vrai nom Henrik Weber, Pantha du Prince n’est pas un stakhanoviste en matière de production d’albums, ce dernier n’étant que le quatrième de sa carrière, entamée il y a presque 15 ans… 5 si l’on ajoute celui sorti en collaboration avec The Bell Laboratory.
Avec Triad, conçu aux côtés de Scott Mou aka Queens, Bendik Kjeldsberg (The Bell Laboratory), Joachim Schultz et Kassian von Troyer, Pantha du Prince ne révolutionne en rien le genre qu’il a lui même contribué à façonner, à coups de mélodies mélancoliques et de groove aérien, de glockenspiels lunaires, de cordes diverses et de percussions chaleureuses.
Si cette nouvelle virée dans les steppes de la chaleur humaine, semble faire pousser des ailes à l’allemand, avec l’apport de vocaux et de sonorités organiques omniprésentes, Triad reste un album au charme désuet et attachant, conçu par un ermite dans sa tanière, qui finalement n’apporte pas grand chose à la carrière sans faute, d’un artiste qui reste attaché à des valeurs qui sont les siennes depuis le début, mais qui, avec le temps, ont un perdu de leur intérêt et de leur effet de surprise.
Triad nous rappelle aux bons vieux souvenirs d’une certaine techno pas vraiment conçue pour les dancefloors, malgré la présence un peu fatigante à la longue, de rythmiques 4/4 monotones.
Triad aurait gagné à un peu plus de diversité et de véritable sensibilité, la froideur plaquée et le systématisme des sons donnant l’impression de longueur sur chaque track, avec quelques tentatives parfois déconcertantes, à l’image de du psychédélique electro funk, Dream Yourself Awake, auréolé par des vocaux aux allures vaguement gothiques.
Un album gentillet et complètement déconnecté de notre époque que les amoureux du genre apprécieront. Pas vraiment mauvais, mais pas vraiment bon non plus.
Roland Torres
Pantha du Prince – Triad
Label Rough Trade
Sortie : 20 mai 2016