Alexis Taylor, moitié de Hot Chip, nous propose 12 chansons piano-voix à la facture classique, respectueuses d’une tradition, agréables à l’écoute mais sans invention.
En Pop, il y a les aventureux et les fondamentalistes. Ceux qui créent un vocabulaire nouveau et ceux qui lisent à la lettre leur bible Pop, celle des grands anciens, les Beatles ou Elton John du temps de sa splendeur (si si !!!). Parfois de cette orientation, de ce choix de production peuvent sortir de grands disques, parfois de pâles copies, parfois des entre-deux.
Le bien nommé Piano d’Alexis Taylor est de cette école-là, celle des entre-deux. Le cul entre deux chaises, un pied dans la copie, un hommage parfois trop respectueux et une écoute confortable et agréable. Le monsieur propose un disque qui ne marquera sans doute pas durablement l’histoire de la musique mais il n’en a sans doute pas l’intention de toute façon et heureusement. Le problème se situe sans doute un peu-là, on ne le sent pas vraiment concerné, sans doute conscient qu’il est que ce qu’il a de plus pertinent à dire, il l’exprime avec Hot Chip.
Les 12 titres qui constituent Piano frôlent toujours l’anecdotique, le déjà entendu, parfois en mieux ou en plus fort. On pensera à Mid Air, le superbe premier effort solo de Paul Buchanan des Blue Nile, tout en épure et en frisson ou à à peu près toute la discographie impeccable de Ron Sexsmith.
En bon élève appliqué, Alexis Taylor répond à toutes les figures imposées, aux obligations à tenir des bonnes conduites à tenir, au cahier des charges d’un disque Pop au piano. Ce qui évite parfois le piège de la redite, c’est cette constante élégance discrète qui offre parfois de bien beaux moments servis par un piano classique et une voix bien que frêle et limitée prompte à nous faire trembler de plaisir.
Ce qui manque à Piano, c’est peut-être un peu de folie. Un album qui trouve ses limites dans des contours peut-être pas assez dessinés. Ce n’est jamais désagréable, toujours divinement interprété mais tout cela ronronne un peu tranquillement avec une linéarité monotone qui s’installe insidieusement malgré nous. Ce qui manque, ce sont quelques aspérités auxquelles s’accrocher.
Qu’auraient donné ces compositions entre les mains d’un Sufjan Stevens ou d’un Elliott Smith ? Peut-être qu’ici les choix de composition rendent la chose trop illustrative, on n’y trouve pas ce petit quelque chose de cruauté, d’épreuve vécue. C’est une gentille et belle chose inoffensive.
Une fois cela dit, que l’on n’aille pas imaginer pour autant que Piano est un album à laisser se perdre dans les oubliettes. Ce serait se priver de quelques merveilles comme In The Light Of The Room qui attise malgré tout notre curiosité pour les disques à venir d’Alexis Taylor. Car certes, sans doute préfère t’on les aventureux aux copistes mais c’est parfois agréable de parfois aller chercher ce que l’on sait que l’on trouvera dans un disque. Avec Piano d’Alexis Taylor, on y trouve un bel objet de Pop structuré autour du seul clavier, une belle écriture sans invention.
Greg Bod
Alexis Taylor – Piano
Label : Moshi Moshi
Sortie le 10 juin 2016