En toute décontraction et avec beaucoup de passion, Yan Hart-Lemonnier nous parle de ses disques favoris d’hier et d’aujourd’hui.
Boss de feu le label Ego Twister, l’impayable Yan Hart-Lemonnier est aussi un sacré musicien-bidouilleur. Il vient de sortir sur le label Darling Dada un album tonique, aux textes un peu dérangés, mais qui permet de danser en se tenant le ventre. Est-ce que ses goûts musicaux sont aussi décalés que sa musique ? La réponse ci-dessous.
5 disques du moment :
Hassan K. – Hykayat, L’exil accidentel (Darling Dada)
C’est le quatrième album d’Hassan K., sorti avant le mien sur le même label, Darling Dada. A ma connaissance, c’est le seul musicien qui pratique ce mélange de musique oriental, de breakcore, et de métal et de surf music! Oui, on peut mettre tout ça dans un concept album mystique complètement défoulant et jouissif. (bandcamp)
Matmos – Ultimate Care II (Thrill Jockey)
Je suis loin de connaître toute leur abondante discographie, mais je ne demande que ça. J’adore le sérieux qu’ils mettent dans l’exécution d’idées musicales et conceptuelles complément farfelues. Et ils arrivent donc à rendre passionnant, voir relaxant, un album uniquement réalisé à partir des sons produits par leur machine à laver (qu’ils emmènent en tournée). (bandcamp)
Seal of Quality – Affective Design (Kythibong)
Seal of Quality sonne un peu comme si les Buzzcocks avaient décidés de faire de remplacer leur section rythmique par deux ou trois game boy. C’est pleins de riffs de guitare catchy, de mélodies ultra efficaces et donc de sons 8bit. Et c’est parfait, en disque comme en live. (bandcamp)
Sugarcraft – Sissy (Rodeo gay)
C’est le deuxième album du duo strasbourgeois exilé à Marseille, des gens aussi talentueux que discrets. Il réussissent à produire une electro à la fois glaciale et drôle, et ils sont pas légions à faire ça. Certains vont trouver ça un peu expérimental. Moi je trouve ça aussi très dansant. (bandcamp)
Anna Meredith – Varmints (Moshi moshi records)
Je ne trouve pas la pop souvent très intéressante, elle est en général un peu trop prompte à faire perdurer ses clichés et à réinventer l’eau chaude. Mais parfois, quelqu’un cherche à la renouveler, à y introduire des structures inédites ou des instruments peu fréquents, comme ici le tuba à la place de la basse. C’est ce que fait Anna Meredith, et c’est très chouette. (bandcamp)
5 disques pour toujours :
Ryuchi Sakamoto ! – Merry Christmas Mister Lawrence OST (1983)
Je suis fan de Ryuichi Sakamoto, ce type a pratiquement tout fait. Les plus connaisseurs pourront me reprocher de choisir ce disque, certainement le plus connus de ses environs 85 albums. Mais c’est le premier que j’ai écouté enfant, bien que je n’ai aucune idée d’où venait la cassette que j’avais. Et malgré son kitsch apparent – les 80s, le piano et les sons type Korg M1 – l’album entier est redoutablement efficace. J’évite juste la version du thème titre avec David Sylvian, dont je ne supporte pas la façon de chanter.
Ennio Morricone – Le casse OST (1971)
Je cite l’album qui contient quelques bons morceaux dans différents styles, mais je retiens surtout le thème principal. Comme la BO de Sakamoto que j’ai citée plus haut, je l’écoutais aussi en casssette enfant, et la construction de ce morceau m’a fascinée dès cette époque : un thème mélodique d’une simplicité absolue, des nappes de cordes, de la guitare fuzz et un tempo rapide. Et un doux et merveilleux sentiment nostalgique, que j’ai ressenti avant même de savoir ce que c’était. (Youtube)
Aphex Twin – Richard D. James album (1996)
Comme pour beaucoup, cet album a été une véritable claque pour moi. Comment en 36 minutes, on pouvait mélanger autant de mélodies aussi évidentes, de trouvailles sonores et rythmiques? C’est pour moi un des disques qui ont défini l’électronica et ce que j’avais envie de faire avec la musique : surprendre sans perdre totalement les gens (ok, j’avoue que j’y arrive moins bien que lui). Et! il y a ce truc en plus de Richard D. James qui s’amuse avec la pop culture, plutôt que de tout miser sur l’abstraction. (Youtube)
Ich Bin – Obéïs (2006)
Pas facile de choisir 5 disques qu’on sera à peu près sûr de toujours aimer. Je promenais mon regard parmi les cases de mon Expedit quand je suis retombé sur ce disque de Ich Bin. J’aurais du y penser direct! Il y a tout l’underground de chez nous dans ce disque, c’est punk, électronique, expérimental, débile, subversif et irrécupérable. Et cette pochette est certainement la meilleure qui n’ait jamais illustrée un disque français. Il existe d’ailleurs une version poster, qui étend cette carte de France détournée hilarante.
Cornelius – Point (2001)
J’aurais pu choisir Fantasma !, son précédent album, plus fourre-tout et frénétique. Mais j’aime la bienveillance et la perfection formelle de Point, tous ses détails rythmiques et mélodiques, ces sons qui reviennent au long de l’album. C’est un album de pop conçu comme une série de peintures, je crois que ce disque ne vieillira jamais. (Youtube)
Yan Hart-Lemonnier – Valeurs modernes
Darling Dada – 2016