« Suicide Squad » : in film où l’action, ici, se limite à de la baston de nuit, sans aucune ambition, si ce n’est celle de faire du barbecue humain une attraction à la force croissante… tout a déjà été vu, et mieux servi.
On le dit presque tous, lorsqu’on se met face à un blockbuster, l’état d’esprit et de réception est primordial. Le divertissement l’emporte sur d’autres attentes, et l’on accepte, pour un temps, de faire le deuil de ce que bien d’autres films peuvent nous apporter.
Certains, pourtant, peuvent exciter en nous l’espoir d’un semblant de nouveauté, susceptible de donner cette petite valeur ajoutée qui saupoudrera explosion, baston et fin du monde d’un humour (Les Gardiens de la Galaxie) d’une ambition narrative (quelques X-men) ou esthétique (Batman par Nolan).
Suicide Squad était un candidat. Equipe de personnages presque tous nouveaux au ciné, ton badass supposément la réponse par DC à Marvel et son Dead Pool, ça allait changer mon colon.
Si l’exposition, dénuée de finesse mais relativement efficace, tient un temps quelques promesses, le nombre incalculable de pièges qui n’auront pas été évités par David Ayer achève de faire très rapidement sombrer le navire.
La trame narrative, pour commencer, est d’une linéarité pathétique : on fonce dans le tas et on râle tous les quarts d’heure parce que ah oui merde, ils ont une appli pour nous faire sauter la tronche. Les twists en carton, consistant à nous faire un flash-back totalement inutile de ce qui avait déjà été dit ou sauver une personne qu’on connaissait accroissent le sentiment déjà fort présent de foutage de gueule.
Lorsqu’on crée une team de cet acabit, la moindre de choses serait de caractériser ces personnages. A part une Harley Quinn dont la fonction consister à balancer une vanne so unexpected qu’elle en devient un robot ou Will Smith gentil papa tueur de service (mon dieu les scènes avec sa fille, et ce retour final, un spectateur a crié « pitié ! » dans la salle, et vous savez quoi, je crois bien que c’était moi), les autres se limitent à des borborygmes ou des coups de latte. Au moins, dans Civil War, la scène de l’aéroport permettait une véritable exploitation de chaque aptitude et un vrai plaisir chorégraphique.
Car l’action, ici, se limite aussi à de la baston de nuit, sans aucune ambition, si ce n’est celle de faire du barbecue humain une attraction à la force croissante, sur le mode éculé du « non mais je veux pas montrer ma force, tu comprends, qu’est-ce qui va nous rester pour le final sinon ». Ralentis poseurs, katana ou snipers n’y font rien : tout a déjà été vu, et mieux servi.
Et donc, on décapite des créatures de synthèse, et puis on se pose quelques questions parce qu’on est méchant. Passé la première moitié ou faire méchant consiste à aligner des pains ou des vannes sur une compile qui ravira les générations actuelles et leurs parents (remontons à Eminem, puis les White Stripes, et Queen…) on va s’aimer hein. En quelques heures, excités dans leur testostérone par un chef de bande fédérateur, les voilà porte-paroles 2.0 d’un militarisme éhonté, et que je te fais défiler ma team au ralenti sur du jus de bollocks en terme de musique.
Faisons comme David Ayer et gardons le pire pour la fin : la méchante. Ne nous étalons pas sur son ambition, qui coche la case du CV de tout méchant qui se respecte (« mon ambition dans la vie c’est de détruire toute la vie sur terre, poussant le vice jusqu’à n’avoir même pas vraiment d’argument pour le faire, si ce n’est pas ma capacité de destruction », cf. Apocalypse, Doomsday, etc, etc…) et venons-en à la force de frappe visuelle. Une telle laideur, un tel ridicule (et que je te fais une danse sur le mode indien quand je ne singe pas la momie des 7 boules de cristal) devraient être interdits par la loi.
On se retrouve quand même avec une chose au-dessus de la ville et des éclairs partout qui feraient passer Ghostbuster pour du stop-motion croate, le tout dans une ambiance musée, viens donc nous buter, on t’attend, vas-y met moi donc une bombe dans le fion pendant que je danse le paso doble avec barbecue man qui regrette d’avoir napalmé sa famille un jour de colère. Parce que la sorcière, allez comprendre, te tronçonne des porte-avions à distance ou des satellites (« oh non, c’était en plus notre principal satellite de communication, diantre ! » nous dit le militaire qui sert à rien d’autre) mais se bat à main nue contre un boomerang et une batte de baseball.
Bref.
Je n’ai même pas parlé du Joker, et c’est mieux comme ça, ni de Batman, VRP des prequels et de la suite : lorsqu’on prend la mesure de tout ce qui se prépare, la fin du monde en matière de grands films de divertissements semble effectivement à redouter.
Sergent Pepper